1998Aaron la fixa avec un air de défi.
De toute manière, je le savais que vous n'en étiez pas capable. Il afficha un sourire supérieur sur les traits quelque peu creusés de son visage.
Vous savez très bien que je ne peux embrasser les patients Mr Hammer. De toute manière, qui vous a laissé entendre que j'en avais l'envie ? Qui disparut instantanément, laissant ainsi à la jeune femme près de lui le loisir de prendre à son tour un air satisfait. Aaron croisa les bras et fixa le drap blanc étendu sur ses jambes.
C'est bien dommage... Il l'entendit s'approcher de la porte de sa chambre de ses petits pas serrés.
Je n'ai jamais dit le contraire. Et, avant qu'il ait pu réaliser ce qu'elle venait de lui déclarer, la porte s'était refermée derrière elle.
2000Mr Hammer, c'est terminé. Vous allez pouvoir rentrer chez vous. Aaron tomba contre le dossier de sa chaise. Dur, froid. Telle l'annonce qu'on venait de lui faire ; telle la sensation qu'il venait de ressentir en l'entendant. Il plissa les yeux vers son interlocuteur.
Vous en êtes sûr ? Vous m'avez déjà fait le coup deux fois et je ne le supporterai pas une nouvelle fois. C'est bel et bien fini Aaron. Votre cancer est guéri. L'homme croisa les mains dans l'attente d'une chose manifeste.
Que pouvait faire un homme tel qu'Aaron, se voulant fort mais beaucoup trop accablé par le choc pour le paraître ne serait-ce qu'un peu ? Pleurer. Les larmes du presque trentenaire coulèrent silencieusement et longuement. Il se masqua la vision d'une main tremblante, tandis que la seconde le cramponnait fermement sur son siège. Après une dizaine de minutes, il se leva lentement et se dirigea vers la porte derrière lui.
Merci, déclara-t-il.
Merci pour tout. Je suis désolé, je dois prendre l'air, je reviens dans quelques instants. Il sortit sans aucun autre mot, n'attendant aucune autorisation, et son absence se prolongea sur plusieurs heures.
2001Jonathan, que puis-je pour vous ? Elle avait le regard fixé sur son écran d'ordinateur mais Aaron savait qu'elle devinait sans problème le sourire inscrit sur ses lèvres.
Vous en êtes même au stade où vous reconnaissez ma démarche. Ce n'est finalement pas moi qui dois me poser des questions. Elle lui accorda enfin un coup d'oeil. En quelque sorte une victoire pour lui.
Vous avez sûrement raison. Il fit mine de tousser au creux de sa main.
Comme toujours. Il stoppa l'élan de réponse de la demoiselle.
Comme j'ai pratiquement retrouvé toute ma chevelure, vous pensez qu'il serait possible que vous veniez dîner avec moi ? Ne plaisantez pas là-dessus Johnathan, je vous en prie. Il détourna le regard sous la pression du sien.
Et vous ne me regardez pas comme cela, murmura-t-il.
Je pense que cela pourrait se faire, oui, déclara-t-elle finalement après un court silence. Une lueur d'espoir naquit dans la prunelle des yeux d'Aaron.
C'est parfait alors, je passe vous prendre ce soir. Bien. A ce soir donc, Johnathan. Il était déjà parti. Mais avant de passer la porte, il se stoppa.
Je vous ai déjà dit de m'appeler Aaron. Mais aucune réponse ne lui parvint et il passa donc la porte de l'établissement.
Le soir venu, Aaron patientait tranquillement sur le parking de l'hôpital de Fairview, appuyé contre la portière de sa voiture. Tapotant la ferraille de cette dernière du bout des doigts, il releva la tête quand il entendit enfin ce fameux bruit de talons si familier. Il se redressa et son coeur s'emballa à la vue de la femme se rapprochant avec un sourire discret. Sa robe noire, accompagnée de sa chevelure tombante, la rendait splendide. Aaron avala prestement sa salive et tenta une attitude des plus assurée.
Vous êtes ravissante. Merci. N'attendant pas une seconde de plus, il passa devant elle et partit ouvrir la portière du côté passager. Elle hocha la tête en signe de remerciement et s'installa tranquillement. Aaron referma la porte et se précipita presque derrière le volant avant de démarrer d'une manière tout aussi empressée.
Le trajet fut silencieux. Aaron put la contempler à plusieurs reprises observant les lumières étincelantes de la ville. Elle possédait un visage plus apaisé que sur son lieu de travail. Il ne pouvait bien sûr que le remarquer tant il l'avait admirée.
Aaron n'oubliera jamais la soirée qu'il a passé cette nuit-là. Il eut le loisir de la voir rire à chaque phrase qu'il prononçait et rien ne lui aurait fait plus plaisir. Elle en était d'autant plus belle à chaque instant. Il eut même l'audace de l'inviter à danser et, bien qu'elle certifia que cela serait exceptionnel, elle accepta plutôt rapidement.
Sa tête posée contre son torse, Aaron espérait qu'elle ne remarque rien du rythme effréné de son stupide coeur peu discret. Il la fit tournée plusieurs fois sur elle-même, la rattrapant par la suite avec aisance et lui prouvant par la même occasion qu'elle était en sécurité à ses côtés. Et elle ne cessa de lui sourire, avec également une pointe de rougissement.
Il la ramena même à une heure raisonnable. Arrivés devant chez elle, il descendit pour lui ouvrir la portière et l'aida à sortir de son taco. Il la raccompagna jusqu'à son perron et elle lui sourit tendrement.
J'ai passé une agréable soirée Johnathan, merci beaucoup. Elle plaça la clé de sa maison dans la serrure et la déverrouilla facilement. Elle s'avança à l'intérieur et adressa un dernier sourire à Aaron, qui ne rigolait plus du tout.
Vous n'avez pas le droit. J'ai tout de même droit à une marque de reconnaissance un peu plus appuyée non ? Elle secoua la tête avec un sourire narquois et referma la porte. Aaron ouvrit la bouche avant de la clore une nouvelle fois et de pousser une note rageuse. Il cala ses mains dans les poches de son jean et repartit vers sa voiture d'une marche lente.
Alors qu'il s'apprêtait à grimper à l'intérieur, il entendit la porte de l'habitacle s'ouvrir et se retourna. Avant même qu'il ait pu réagir, la jeune femme se jetait dans ses bras. Et ses lèvres se collaient passionnément aux siennes.
2007Aaron frappa le bureau de son poing tandis que sa femme posait sa main sur son bras.
Vous n'avez pas le droit. Vous n'avez pas le droit de nous dire cela. Je suis sorti de cette maladie. Vous ne pouvez pas nous déclarer qu'elle en est atteinte. Je suis désolé mais... Je me fous de vos excuses. Aaron, s'il te plaît. Il planta son regard dans le sien. Il voyait qu'elle retenait ses larmes pour être forte, pour se sentir forte. Mais lui ne le pouvait pas.
Il se leva brutalement et sortit de la salle. Il entendit le cri de sa bien aimée en provenant mais ne se retourna pas. Il partit jusqu'à leur voiture et se cloîtra à l'intérieur. S'allongeant sur la banquette arrière et se plaça les paumes des mains sur les paupières avant d'éclater dans un sanglot bruyant.
2007Ecoutez, je ne pourrai me battre contre ma maladie que de cette manière. Laissez-nous adopter Camélia. Aaron la laissait parler, sachant que les mots de sa femme aurait plus d'impact qu'autre chose. Son souhait le plus cher pouvait se réaliser dans les prochaines minutes, sa détermination n'en était donc que plus grande.
L'homme en face d'eux fixa son interlocutrice première longuement avant d’acquiescer. Il sortit d'un de ses tiroirs un dossier d'épaisseur justifiée et leur avança.
2009Aaron, je veux le faire. Les médecins ont dit qu'il n'y avait aucun risque et... Et tu les crois ? Elle croisa les bras tout en détournant le regard. Aaron s'approcha d'elle et releva son visage vers le sien.
Ecoute, je ne veux pas qu'il t'arrive la moindre chose, tu le sais. Il posa délicatement ses lèvres sur les siennes. Elle l'enlaça tendrement avant d'approfondir son étreinte.
Je le sais.La semaine suivante, Lily partait pour l'hôpital. L'organe atteint du lymphome allait être retiré puis elle allait subir la greffe d'un nouveau. Chose qui la sauva.
2012La porte de la chambre de la jeune fille claqua. Les pas de son paternel résonnèrent dans toute la maison.
Camélia cesse ce comportement de suite ! Il tenta de déverrouiller la porte.
Laisse-moi tranquille ! Puis on entendit un long soupir provenant du salon familial.
Cessez vos enfantillages tous les deux, je ne peux même plus lire en paix ! Je sais que vos deux caractères sont les mêmes donc incompatibles mais tout de même ! Ni le père, ni la fille ne trouvèrent réponse à cela.
(+) Aaron a été atteint d'un cancer de l'estomac de ses dix-sept à ses vingt-quatre ans.
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