+ don't rain on my parade (precious)

Dans mes mains, le futur. Dans mes mains, la preuve de la faute. J'avais cédé à la luxure, et Dieu m'apportait ma punition. Je ne croyais pourtant pas à ces sornettes que l'on nous servait le dimanche à l'église. Au grand damne de mes parents qui étaient religieux, et stricts. J'aimais vivre ma vie comme le vent me l'apportait : en en profitant, et en vivant le moment présent. C'était ce que j'avais fait, avec Jason. Tout avait simplement commencé : nous étions allés chez lui et avions commencé à nous embrasser sur son lit. Une chose en menant une autre, nous avions fait l'amour. Et alors ? Qu'est-ce que cela avait de dégoûtant, de mal ? Je n'en avais parlé à personne. Et maintenant, je tenais en mes mains un petit bâtonnet de malheur qui m'apprenait ce dont je m'étais douté : j'étais enceinte. Les nausées et malaises m'avaient tout de même paru plutôt suspects, puisque je ne tombais jamais malade. Rapidement, je me levais et jetais le test dans la poubelle après l'avoir entouré de papier toilette. Je sortis de la salle de bains pour m'allonger sur mon lit. « Qu'est-ce qu'il y a ? » Je relevais la tête, et aperçus Shana dans le coin, en train de me regarder de ses grands yeux. Elle était adorable, mais parlait bien trop. « N'embête pas ta grande sœur » répliqua Charlotte. Je lui adressais un petit sourire. Elle, au moins, était toujours là pour moi. C'était ma grande sœur : j'étais l'enfant du milieu. Que des filles, ce qui avait fait la joie de mes parents. « Je peux te parler Char ? » Elle m'observa, surprise. « Bien sûr, allons dans ma chambre. » Je la suivis dans le couloir et nous rentrèrent dans son espace. Sa chambre était bien rangée, tout était droit et carré, tout l'inverse de la mienne. Je m'assis sur son lit et regardais par terre. Je ne savais pas comment lui dire, mais j'avais envie de me confier. « Écoute, si c'est à propos de la mauvaise note que tu as eu la semaine dernière, je suis sure que papa et maman... » « Je suis enceinte » la coupais-je. Ses yeux s'écarquillèrent, et là, je le vis. Le dégoût. La peur. Les larmes arrivèrent bien vite à mes yeux. Je ne voulais pas que ma propre sœur me regarde ainsi ! « Écoute Char tu ne dois le dire à personne .. » « Je ne peux pas. » Elle me regardait froidement, à présent. Sa voix était également glacée. Elle semblait avoir perdu toute émotion, et se dirigeait maintenant vers la porte. « Qu'est-ce que tu fais ? » « Ce que tu aurais dû faire. Le dire à nos parents. » « Non ! S'il te plaît, je vais m'en occuper, tu sais bien que si tu leur dis .. » Elle ne m'écouta pas et descendit les escaliers pour se rendre au salon. Elle trouva mon père sur son ordinateur, ma mère derrière un journal. « Papa, maman, Precious est enceinte. » Et ce fut le drame.

[…]

Parfois, je posais la main sur mon ventre. Pour me rappeler des neufs mois imposés par mes parents, pour me rappeler de la rondeur de mon bedon, de ce petit être à l'intérieur de moi. Parfois, je pensais à ce qui serait arrivé si j'avais gardé le petit. Si mes parents ne m'avaient pas forcé à l'abandonner, ou plutôt, le faire adopter. Bien entendu, le petit garçon n'aurait jamais été heureux élevé par moi. Si j'avais eu le choix, j'aurais avorté lorsqu'il était encore temps. Mais maintenant, je ne pouvais que souhaiter le meilleur pour ce petit bout de chou qui était né et qui m'avait été arraché. « Tu penses à quoi ? » Je me retournais dans mes draps et observais le jeune homme qui était à côté de moi. Un de beaucoup. Je n'aimais pas m'attacher, cela me faisait plus peur qu'autre chose : tout était si fragile. Tout pouvait s'écrouler en un millième de secondes. « Je pense à rien. » Un soupir s'échappa de ma bouche et je me renfonçais dans mon oreiller, pensant. Pensant à la vie qui aurait pu être la mienne. Mais à présent, je me plongeais dans mon futur pour oublier le passé. Je serais actrice, à tout prix. « Avoue le, tu penses à moi et à mon corps d'Apollon » Un rire sarcastique s'échappa de ma bouche. Celui là était vraiment à mourir de rire. J'étendais le bras et attrapais mon paquet de cigarettes pour en sortir une, que j'allumais lentement. « Je veux pas que tu fumes ici. » « Et moi, je m'en fous. » Une bouffée, et tout anxiété semblait s'enlever de mon corps. Je savais que ce n'était pas bien pour moi. Mais je prenais refuge dans le fait de fumer comme dans bien d'autres choses ces derniers temps. « Tu sais que je t'aime, Precious ? » Un petit sourire orna mon visage. « Bien sûr que je le sais » dis-je sur un ton ironique. « C'est combien, que je dois te donner, pour m'avoir dit ça ? » Il attira mon regard. Il prit mon visage entre ses mains et se pencha vers moi pour m'embrasser doucement. Une fois qu'il fit ça, je le giflais. « Pour qui tu te prends au juste ? » Mon cœur battait à la chamade, j'avais peur, terriblement peur. « On vient de coucher ensemble, je crois qu'on a passé le stade du baiser sur la bouche .. » « sauf que ce n'était pas un simple baiser, si ? » Il m'observa en silence. Je m'extirpais des draps, nue, et passais rapidement ma robe de soirée que j'avais enlevé pour la nuit. « Je ne reviendrai plus chez toi, sois en sûr. » Et sur ces mots, je passais la porte de sa grande résidence.