▲ Lucius in the sky with diamonds.

Ariel Roman Wislow est né il y a trente-trois ans dans un quartier chic de Londres. Il est fils unique, son père est professeur à la prestigieuse université d’Oxford et sa mère maquilleuse pour des films. Ariel a passé son enfance dans une école privée, ses parents ne voulaient pas qu’il soit mêlé aux gens de la populace. Ses résultats scolaires étaient plus que bons, effectivement, il s’avère qu’Ariel est très doué dans les études même si cela ne l’intéresse pas plus que cela. Lui ce qu’il désire le plus au monde c’est de jouer de la musique, de devenir musicien, de faire le tour du monde et de simplement jouer d’un instrument, cependant ses parents ne sont pas de cet avis. Ils ne sont pas du même avis eux-mêmes parce que le père l’imagine déjà comme un grand avocat, cependant sa mère elle le voit comme un médecin de renom. Le jeune garçon n’a pas vraiment de choix dans tout ce que disent ses parents qui finissent par se prendre sérieusement la tête, des tensions éclatent dans le couple et Ariel se trouve enfin heureux d’aller dans un internat. Ses parents veulent divorcer. C’est ce que la tante d’Ariel écrit dans une lettre au jeune garçon qui ne comprend pas pourquoi il reste aussi longtemps dans cet internat. C’était amusant au début, jusqu’à ce que tous les garçons apprennent qu’il porte le prénom d’Ariel qui s’avère être celui d’une fille au départ. Les traumatismes s’en suivent et sont de plus en plus horribles, le plus mémorable reste celui ou Ariel a dû se déguiser en petite fille pendant toute une journée récoltant les moqueries de tous. Ce jour restera à jamais gravé dans sa mémoire. Il n’en a cependant jamais parlé à personne, se disant que fouiller dans ses entrailles ne ferait que lui faire plus de mal. Quelques mois plus tard, il rentre enfin chez lui et trouve la maison presque délaissée, sa mère étalée sur le canapé avec une bière en main, les cheveux en pétard, une odeur de brûlé persistante. Manifestement, ses parents ont divorcé, il n’a pas été mis au courant. Ce fût une joyeuse nouvelle. Il avait alors 13 ans à cette époque-là. Il fut envoyé chez son père qui lui continuait de vivre correctement. Une question persistait dans la tête du jeune Ariel, il voulait savoir si c’était effectivement de sa faute si ses parents divorçaient. C’est ce que son père lui a rabâché pendant longtemps d’ailleurs, mais ce n’était pas la vérité, c’est l’adultère qui a brisé le couple de ses parents. Tout le monde sait que pendant un conflit c’est toujours la minorité qui prend et c’était Ariel. Quelques années plus tard, Ariel vivant toujours avec son père entre dans une prestigieuse université avec un an d’avance, en cachette, il s’inscrit à des cours au conservatoire qu’il suit avec passion. La musique est sa seule alliée dans sa vie, cependant, il n’est pas du genre à s’apitoyer sur son sort, il ne dit pas ce qu’il se passe dans sa vie, il ne parle guère aux gens, cela ne l’empêche pas de se faire quelques amis avec qui il est proche. Ariel est en faculté de droit, il ne trouve pas son compte dans ses études, ce ne va pas dire pour autant qu’il échoue, mais il est frustré de ne pas faire ce qu’il désire faire, c’est-à-dire de la musique. Il essaye à de nombreuses reprises de faire comprendre cela à son père qui ne veut pas l’entendre, de nouvelles tensions se créent et Ariel décide de partir passer deux mois chez sa tante pour s’occuper de ses neveux et nièces. Ces quelques mois de transforment en quelques années et il reste là-haut, restant avec sa tante qui vit seule avec ses enfants. Ariel passe des examens au conservatoire en reprenant des cours, il se prend un petit boulot à côté pour payer ses études etc... sa tante l'aide, mais il ne veut pas abuser de sa gentillesse. Ariel devient rapidement indépendant avec son talent pour la musique, il s'avère aussi qu'il est extrêmement doué pour l'écriture, là aussi, poussé par sa tante et surtout grâce au piston, il rentre au sein fermé des critiques littéraires anglais tout en donnant des cours de violon -parfois piano- à des enfants de personnes avec pas mal d'argent, pour se faire un nom. Désormais, il s'est installé à Wisteria Lane depuis trois ans, profitant d'une vie plus calme, notamment après le décès de son père. Il jongle avec ses critiques, ses cours et sa maladie, nouvellement découverte.

« Merci d’être venu aussi vite monsieur Wislow, je sais que vous êtes occupé en ce moment, mais j’ai les résultats de vos analyses. » Au fur et à mesure qu’il parle, du moins que sa phrase se fait entendre, son ton change complètement. Rien de rassurant pour Ariel qui sent peu à peu sa gorge se serrer, il se sent étrangement assit sur sa chaise, ses genoux collés, les mains sur ceux-là. Dans un élan de courage Ariel tend sa main droite pour que son médecin lui donne ce qui semble être une radio. Il la lui donne sans un mot et Ariel essaye de se rappeler ce qu’il a vu dans les séries médicales télévisées et il la soulève à la lumière pour lire à travers. « Ce sont ces tâches là ? » Demande-t-il d’une toute petite voix, enrouée. Ariel baisse la feuille et fixe son médecin qui se contente de hocher la tête. « On a plusieurs traitements très efficaces contre la douleur vous savez. » Un sourire s’affiche sur le visage de l’instituteur. « Je n’en doute pas une seconde docteur. » Il se redresse, ajuste sa veste, dépose la radio sur le bureau du médecin, il lui serre la main et s’en va, le laissant en plan. Ariel repassera plus tard, mais aujourd’hui, aujourd'hui, il, a décidé de vivre.