you and i we're like bonnie and clyde ✝ moriarty

moriarty + melanie ❛mel❜ anselme

now i gotta live obamaself

on s'essuie bien les pieds

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◮ NOM COMPLET : Melanie Anselme Moriarty◮ AGE : vingt-sept ans◮ DATE ET LIEU DE NAISSANCE : 8 avril à Globe, Arizona ◮ EMPLOI/ETUDES : à la recherche d'un petit boulot, se fournit principalement en ce qui l'intéresse en le volant. ◮ STATUT CIVIL : célibataire ◮ QUARTIER D'HABITATION : loue pour l'instant une chambre dans un motel aux abords de la ville ◮ TRAITS DE CARACTÈRE : autoritaire - brisée - maniaque - violente - bornée - perdue - jalouse - sauvage - cupide - dure - maligne - mystérieuse - irresponsable - protectrice - indépendante - anticonformiste - très impulsive - rebelle - passionnée - téméraire - affectueuse - excessive - agressive - joueuse - fidèle - égoïste - manipulatrice - intéressée - forte - excellente menteuse - intrépide ◮ AIME/DÉTESTE : voyager, fumer (elle a déjà testé la pipe, ça la fait marrer), la violence gratuite, emmerder le monde entier, son pick-up vert (ou plutôt celui de foster, pick-up qu'ils considéraient comme leur enfant), la bière, rouler pendant des heures, se réveiller chaque jour dans un nouvel endroit, se sentir libre, les mars ◮ GROUPE : ceux qui regrettent le passé

PELOUSE BIEN TONDUE PARFAITS MUFFINS ACCUEIL CHALEUREUX RAGOTS A GOGO FÊTE JUSQU’À PAS D'HEURES

SECRET DÉFENSE GRAND ROMANTIQUE LA FAMILLE AVANT TOUT METRO, BOULOT, DODO VOISIN MALVEILLANT

DEPUIS COMBIEN DE TEMPS ES-TU A FAIRVIEW ? J'ai pas compté précisément les jours mais ça doit pas tout à fait faire une semaine et demie. Quelque chose comme neuf jours, dix jours... Oh non, je suis pas née ici. Et je pense pas rester longtemps à vrai dire. Juste le temps de retrouver Foster pour lui dire deux mots - lui gueuler deux mots - et je me barre dans le pick-up vert, direction de nouveaux horizons ! C'est bien gentil ici mais je ne vois pas faire ma vie dans cette petit ville bien rangée où toutes les maisons se ressemblent. C'est pas mon style ça. Disons que c'est un passage éclair. Je ne suis pas arrivée il y a longtemps, je partirai bientôt. Et personne ne se souviendra de moi ici. Tant mieux. QUE PENSES-TU DE TES VOISINS ? Vous voulez dire les habitants de Fairview ? Je les connais pas trop mais je sens qu'ils vont pas me plaire, ils ont l'air typiques des petites banlieues, trop lâches pour essayer de chambouler un peu leur train-train de merde... Entre les femmes au foyer frigides qui croient que l'amour ça sert à faire des enfants pour remplir les églises, qui ne vivent que pour faire à manger à leur mari, lesdits maris adultères qui se font chier chez eux, vont chercher de la chaleur humaine autre part et se défoulent sur leurs employés, les déchets bons pour la morgue comme mes parents l'étaient, les petits vieux et vieilles à épier les gens de derrière leurs rideaux, ces naïfs cuculs qui croient qu'un sourire va changer le monde et tous ces jeunes pourris qui croient que leur futur est acquis parce que papa a une mercedes... Tous ces gens me donnent juste envie de rouler avec mon pick-up sur leurs pelouses parfaites. Mais si vous parlez de mes voisins immédiats je crois que j'aurais moins de trucs à dire. Ils ont dû changer déjà un certain nombre de fois depuis que je suis arrivée, les gens restent rarement longtemps dans les motels pourris... La nuit derrière y'avait un couple dans la chambre d'à-côté, j'ai eu du mal à dormir. En face pendant cinq jours il y a eu une femme négligée à l'air assez louche qui regardait toujours pas sa fenêtre comme si elle avait peur de ce qu'il pouvait y avoir à l'extérieur. Et puis à l'accueil, j'ai fait gaffe y'a deux femmes qui se relaient, une jeune et une... Moins jeune. A l'air très fatigué. J'ai pas vraiment observé les femmes de ménage mais je crois qu'il y en a trois. Non, je vous jure, je suis parano ou commère ! C'est juste l'habitude, d'observer un peu les habitudes du personnel... QU'EST-CE QUE TU CACHES ? Comme si j'allais vous le dire... Des choses j'en cache, je ne suis pas une poupée de banlieue moi. Je ne dis pas que mes secrets mourront avec moi mais ça veut pas dire que je vais vous les révéler comme ça. Faut pas rêver. PENSES-TU QUE TA VIE VA CHANGER A CAUSE DU SHOW TÉLÉVISÉ SUR FAIRVIEW ? Ma vie, ma vie... C'est pas comme si j'avais décidé de m'établir à Fairview, et que je devais considérer le reste de mon existence en pensant à ce détail. Même si je dois avouer que pour la durée de mon séjour ici ça va bien m'emmerder. Je vais devoir changer mon... Mode de fonctionnement si je puis dire. Le vol à l'étalage et les braquages avec des caméras partout c'est un peu comme Halo ODST en mode hardcore. Rajoutez des alarmes vraiment partout - il y en a déjà pas mal - et je passe en mode légendaire. ES-TU POUR OU CONTRE ? Contre. Je veux dire, je vais pas me soulever et participer à des manifestations, c'est pas ma ville, mais c'est chiant. Je peux pas arranger mes affaires comme je le souhaite avec ces caméras partout. Et puis c'est un problème privé qui m'a amenée dans cette bourgade alors j'estime que la nation entière n'a pas à le savoir et à s'en délecter comme devant real housewives.

dans la cour des secrets

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◮ PRENOM : yo j'balance pas mon blaze comme ça moi ◮ PSEUDO : j'attends que les moules intersidérales me reconnaissent, comme ça elles auront du mal ◮ AGE : j'suis un vieux pédobear ◮ RÉGION : auvergne. yo, on a du fromage qui pue. ◮ AVATAR : kate mara ◮ D'OÙ CONNAIS-TU LE FORUM : bah en fait je stalkais une membre puis hier j'en ai entendu deux autres parler du forum sur un autre fow que je ne révèlerai pas pour qu'ils essaient de deviner qui je suis je me suis dit why not et j'ai pris un scénario qui s'est révélé celui de léa ◮ COMMENTAIRES/APPRÉCIATIONS : ME GUSTA

children waiting for the day they feel good, happy birthday, happy birthday... went to school and i was very nervous, no one knew me... hello teacher tell me, what's my lesson ? look right through me...
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« Maintenant tu te couches et tu dors. » Assise sur ton lit, tu jettes un regard rempli d'incompréhension à ta mère. On ne dort pas sur commande ! Tu n'as pas compris que l'alcool plus que présent dans son haleine est un mauvais signe, et qu'il vaut mieux obtempérer. « Mais maman j'ai pas sommeil ! » Le visage de ta génitrice prend une allure de sorcière alors qu'elle grogne, furieuse pour une raison que tu ignores. Sans que tu l'aies vue, sa main vole et vient frapper ta joué bruyamment, te projetant à moitié sur ton lit. C'est que tu es toute frêle. « Tu me réponds pas ! Et t'as intérêt à dormir ! » Les yeux grand ouverts, des larmes ininterrompues coulant sur tes joues rouges - principalement la droite - tu regardes ta mère sortir de la chambre en claquant la porte. Sanglotant la bouche ouverte, tu n'arrives toujours pas à réaliser ce qui vient de se passer. Ce n'est pas la première fois que ta mère ou ton père te frappent mais ça te surprend à chaque fois. Ta joue te lance, envoyant comme des espèces d'ondes de douleur à ton cerveau. Tu entends la voix avinée de ton paternel qui apostrophe sa femme. Ses mots sont indistincts mais son ton seul suffit à faire comprendre la teneur de ses propos. Tu te glisses sous la couette en vitesse et t'appliques à ne plus bouger. Faites qu'il ne se rappelle plus que tu existes. Tu voudrais être un fantôme des fois. Comme dans les histoires. Être invisible et traverser les murs. Jouer des tours aux adultes. Tu pourrais enlever leurs bouteilles à tes parents. Tu as beau n'avoir que cinq ans, tu as bien compris que c'est quand ils boivent qu'ils sont méchants et qu'ils crient. Ils sont souvent méchants et ils crient beaucoup. Tu rabats entièrement la couette sur toi lorsque tu entends que le ton commence à monter dans la pièce d'à-côté. C'est toujours la même chose. Tu plaques tes mains contre tes oreilles et commences à chantonner pour ne plus avoir à supporter les échos de leur dispute. Cela t'empêche cependant d'entendre la porte s'ouvrir et le petit trottinement de pas sur le plancher. En revanche, tu sens parfaitement le petit corps chaud se glisser sous la couette et tu sursautes. Contournant tes pieds, le chiot remonte, rampant jusqu'à ton visage et se mettant à lécher ta jour endolorie. Il t'arrache un sourire. Sous la couette il fait chaud et son corps est comme une bouillotte de plus que tu saisis entre tes mains pour la ramener vers ta poitrine. Tu caresses le petit berger allemand comme une peluche et, sensible à ta nervosité, il se laisse faire. Dans la maison, les cris ne se sont pas tus au contraire, ils sont maintenant accompagnés du fracas des coups. Ils se font du mal à se frapper l'un l'autre. Tu essaies d'ignorer tes parents en te rappelant l'ordre de ta mère. Dors. Mais tu n'y arrives pas, sans te concentrer dessus, tu n'arrives pas à faire abstraction du bruit. Le voisin du dessus commence à donner des coups de balai sur le plafond. Ton animal jappe un petit coup et tu le serres de plus belle. « Chut Dracula ! » Tu murmures et la petite bête se tait. Tu as eu le petit berger allemand comme cadeau. Ton père, dans un accès de bonté et de sobriété plutôt convaincante, te l'avait ramené dans une boîte à chaussure trouée et offert sans aucune raison apparente. Tu l'avais appelé Dracula parce que ta maîtresse t'en avait parlé. Il doit être là depuis six mois au plus. Mais tu l'as dressé au maximum, parce qu'on t'a expliqué qu'un chien ça doit être dressé. Il prend de la place dans le lit mais tu acceptes ce sacrifice avec joie. Ce chien c'est ton seul ami. Il te rassure, c'est comme ta nounou. Et puis tu ne tiens pas beaucoup de place toi-même à vrai dire, ce n'est donc pas un problème. Bientôt les cris cessent et tu oses te hasarder à sortir la tête de sous la couette. Tout est calme. Comme si rien ne s'était passé. Dracula, lui aussi, se dégage. Tu regardes par la fenêtre d'un air morne. Globe, Arizona. Tout dort. Pas toi. Les lumières des lampadaires grésillent. Il n'y a pas un chat. Tu te demandes si il n'y a pas un géant qui vient la nuit pour enlever des gens et les manger. Il devrait enlever tes parents. Ils sont méchants.

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« Les enfants aujourd’hui vous n’avez qu’à dessiner votre famille puisque nous avons fini la leçon ! » Tu grimaces. Tu ne sais pas dessiner. Et en plus tu ne sais pas comment dessiner la famille. Vous n’êtes presque jamais tous ensemble. La famille c’est toi et Dracula d’un côté, les parents en train de se crier dessus de l’autre et les bouteilles au milieu. C’est pas drôle. Tu aimerais bien que ta famille soit comme celle des autres. John et ses parents ils sont partis à New York pour les vacances il a dit. Il a raconté tout ce qu’il avait fait et il paraît que les glaces à Time Square elles sont super bonnes. Tu n’as pas mangé de glace depuis une éternité, tu ne sais même plus quel goût ça a. Tu jettes un regard en coin à la feuille d’Anna à côté, à son dessin où deux grands bonhommes tiennent la main à un plus petit bonhomme chevelu au milieu. Avec un chat plus ou moins bien réalisé sur le côté. Tu pousses un soupir à en ébranler une montagne et retournes à ta page vierge. Pour toi c’est comme si ta vie dépendait de ta capacité à représenter ou non ta famille. Alors tu te penches et commences à dessiner. N’empêche, tu préférais largement la leçon de maths. Tu t’appliques pourtant, appuyant tellement fort sur ton crayon de couleur que la mine ne cesse de se casser et que tu dois la tailler, encore et encore, faisant fondre ton crayon comme une bougie. Lorsque l’institutrice passe dans votre dos pour regarder les dessins, elle ne fait que complimenter tes camarades. Mais lorsqu’elle arrive au tien, elle le prend pour le regarder de plus près, visiblement étonnée. « Mais Melanie, tu n’as dessiné que ton chien ! » Tu lèves les yeux vers elle. Quel est le problème avec ça ? Dracula c’est ta famille, bien plus que tes parents ne le sont. Il est là pour toi lui, il te protège, il te rassure, quand tu lui parles il t’écoute. Tout le contraire de ton père. Tout le contraire de ta mère. « Mais c’est ma famille ! » Tu y crois fermement. Tu le sais. C’est pas ça la définition de famille ? On ne laisse personne derrière. Toi tu sais que Dracula ne te laissera pas tomber. « Et tes parents ? Tu ne les dessines pas ? » Non. Ils ne le méritent pas. Et puis tu as du mal à dessiner les bouteilles. Or dans ta tête, les bouteilles et tes géniteurs sont associés. Tu secoues la tête de droite à gauche. « Non. C'est pas la famille. » Interloquée, ta maîtresse repose le dessin et te demande de les dessiner tout de même. Encore une fois tu grimaces. Mais tu essaies de dessiner une bouteille tant bien que mal. Elle n’est pas symétrique, on a du mal à la reconnaître. Penchée par-dessus ton épaule, Mrs. Hyland t’observe, se demandant certainement où tu veux en venir. Abandonnant après la première tentative de bouteille, tu te retournes vers elle, une moue sur le visage. « J’y arrive pas. » Elle te lance un regard étrange avant de se prononcer. « C’est pas grave. Tu pourras dire à tes parents que je veux leur parler quand ils viendront te chercher ? » Tu acquiesces mais décides en ton for intérieur que tu ne le feras pas. Elle va sûrement leur dire des trucs méchants sur toi et ta mère va te donner des claques. Tu ne vas pas tendre le bâton pour te faire battre non plus. Et puis ce n’est pas sûr que tes parents viennent te chercher de toute façon. Tu rentres souvent seule. Globe n’est pas une très grande ville de toute façon, et tu connais le chemin. La prof te sourit gentiment et tu lui rends ce sourire, fossettes et quenottes perdues en plus. Elle s’éloigne et tu te renfrognes en regardant à nouveau ton dessin. Elle est trop mal dessinée cette bouteille.

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Tu es assise sur le muret devant l’école, à regarder la rue, une main posée dans la fourrure de Dracula. Il est toujours là. A partir du moment où ton père te l’a offert, tu as voulu l’emmener avec toi. Evidemment ils ne l’ont pas laissé entrer dans l’établissement, alors tu avais dû le laisser dehors la première fois, même si tu avais beaucoup crié et beaucoup pleuré. Mais quand tu étais sortie de l’école l’après-midi, il était toujours là. Il t’attendait. Et depuis il t’a toujours accompagné le matin et a toujours été là l’après-midi quand tu sortais. Autant quand il n’était qu’un chiot qu’à présent que c’est un adulte. Déjà, alors que tu n’as que huit ans, tu n’écoutes plus vraiment en cours. Tu passes ton temps à regarder par la fenêtre, à regarder les nuages, à regarder ton chien faire l’abruti... Il ne fait pas tout le temps l’abruti bien sûr, il dort aussi mais généralement quand c’est le cas tu fais de même. C’est parce que tu ne dors pas beaucoup la nuit, tes parents crient toujours autant. Au fond ça ne te fait plus si peur, tu as pris l’habitude un peu, mais c’est trop bruyant. Et tu as quand même cette angoisse que même Dracula ne peut calmer dans ces instants là. Tu penses que ça devrait être interdit d’avoir des parents comme ça. Oui, c’est ce que tu te dis alors que tu balances tes pieds dans le vide. Enfin le vide, trente centimètres à tout casser... Le soleil commence à baisser à l’horizon et les voitures se raréfient dans la rue. C’est pourtant une des rues les plus passantes de Globe. Certes, c’est peu dire vu la fréquentation habituelle mais tout de même. A côté de toi, l’institutrice semble bien embêtée. « Tes parents ne viennent pas Melanie ? » Tu lèves les yeux vers elle. Tu ne vas pas lui dire qu’ils sont en retard ou quoi que ce soit. Tu ne crois plus au père noël. « Ils ont dû oublier. » Elle soupire. Elle ne peut pas rentrer chez elle en laissant une gamine de ton âge ici. « Je les appelle ? » C’est pas la peine, ça ne fera que les faire crier encore plus. Tu sautes du muret en essayant de ne pas tomber à la réception et Dracula fait de même, docile. Tu as quand même très bien réussi à le dresser malgré ton jeune âge. C’est parce que tu rêves de faire partie d’un cirque avec lui. T’y crois. Tu te dis que ce serait bien, tu as vu des trucs comme ça à la télé. « C’est pas la peine madame, je vais rentrer à pied. » Sans laisser à la femme le temps de protester, tu te mets en route, le gros berger allemand à tes côtés. Ce ne sera pas la première fois. Et certainement pas la dernière. Ils sont nuls tes parents.

and we all know how to fake it baby. and we all know what we've done. we must be killers, children of the wild ones... killers... where we got left to run ?
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Main dans la main avec un grand brun, tu te promènes dans les rues de Globe, Dracula marchant derrière vous comme une ombre. Il s’appelle comment déjà ce mec ? Brian ? John ? Dimitri ? C’est ça ? Dimitri ? Il a pourtant pas une tête de ruskoff. Mais bon, je n’irai pas chercher plus loin, c’est pas comme s’il m’importait. De toute façon, je sais très bien pourquoi tu es en couple avec lui. Parce qu’il fait partie d’une des familles aisées de Globe et qu’il est un peu idiot sur les bords. Ce qui est très pratique pour obtenir ce que tu veux. Tout. Il te suffit de battre des cils et cette grande asperge se plie en quatre pour satisfaire tes désirs. Si à seize ans il est déjà comme ça, tu prévois qu’il va bien plus tard se faire croquer par certaines femmes qui ne cherchent rien de plus que l’or. Comme toi. Disons que tu as pris l’habitude, comme tes parents ne faisaient rien pour toi, de te débrouiller par toi-même. D’obtenir ce que tu désires par des moyens détournés, généralement à la limite de la légalité voire carrément de l’autre côté. Mais bon, à seize ans tu n’en es tout de même pas aux braquages à main armée tout de même. Tu fais plus dans le vol à l’étalage et l’arnaque aux personnes naïves. Comme ce Dimitri. Ou des vieux crédules. Parfois le vol par effraction mais c’est plus rare. Et tu fais toujours en sorte de ne jamais être soupçonnée bien sûr. Tu ne veux pas finir en prison. Tu aimes bien trop être libre. Et libre tu l’es, bien plus que la plupart des jeunes de ton âge. Ce pour la simple raison que tes parents se foutent de l’endroit où tu te trouves, trop saouls pour s’en soucier. Alors tu évites ta maison comme la peste, n’y allant que pour dormir quand tu n’as pas le choix. Tu vis dans les rues, chez les gens, mais pas chez toi. En fait tu ne considères plus cela comme chez toi. Tu as maintenant parfaitement compris ce qu’être alcoolique signifiait, tu sais dessiner des bouteilles symétriques et surtout tu sais haïr tes parents plus encore qu’avant. Tu te démerdes sans eux. Tu ne leur dois rien. Une vitrine brillante attire soudain ton attention et tu t’arrêtes, faisant également stopper ton compagnon. « Oh regarde ce bracelet il est magnifique ! » Je le sens venir gros comme une maison. C’est vrai qu’il est plutôt beau ce bracelet, en argent avec des petits pendentifs. Tu le regardes avec des yeux brillants, exagérant ton émerveillement pour faire comme si tu n’avais jamais tant désiré quelque chose dans ta vie. Bref tu joues la comédie et avec brio, espérant que ton pigeon - pardon, ton petit copain - cèdera. Il a suffisamment d’argent, il va pas faire chier et refuser non ? Sinon tu le plaques. Il ne servirait à rien. Tu jettes un regard au prix et fais semblant de te rembrunir face aux zéros. Tu te retournes vers Dimitri, apparemment déçue. Il te sourit et lâche ta main. « Attends-moi là. » Tu lui rends son sourire. Tu l’as conquis. Il rentre dans la boutique et tu t’accroupis à côté de Dracula qui est assis à côté de toi. Il te suit toujours. C’est ton ombre, on ne peut pas vous dissocier l’un de l’autre. Tu as abandonné les projets de cirque pour lui, tu n’es plus une enfant. Et lui n’est plus tout jeune. Il a onze ans maintenant, et pour un chien de cette taille ça commence à être vieux. Tu essaies de ne pas y penser. Pour toi, sa mort n’est pas envisageable. Tu le caresses affectueusement en attendant l’autre abruti. Ah bah le voilà d’ailleurs, avec un sourire béat et stupide sur son visage et une petite boite dans les mains. Il a cédé. Quel con ! Tu te lèves et joue celle qui tombe des nues en ouvrant le petit paquet qu’il t’offrent. Tu enfiles le bracelet et lui sautes au cou en débitant à la chaîne des remerciements. Tu fais comme si tu étais une petite fille à laquelle on offre un poney. Et le pire c’est qu’il y croit celui-là. Il pense que tu en as quelque chose à foutre de lui. S’il savait que ce que tu désirerais ce serait avoir son portefeuille sans avoir besoin de se traîner le proprio des billets... Mais tu continues à sourire et l’embrasses. Il faut ce qu’il faut pour se faire offrir des bijoux. Vous vous remettez en route, Dracula sur vos talons.

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Huit avril. Joyeux dix-huit ans princesse. T’es libre maintenant. Officiellement. Enfin tu ne peux pas boire d’alcool - officiellement encore une fois - mais tu peux te barrer. Globe ne te retient plus. D’autant que pour tes seize ans tu as réussi à te payer une voiture - pas extra mais quand même - avec de l’argent glané à droite à gauche, soutiré à des vieux et des copains crédules. Tu penses aller à Phoenix, tu sais que tu y trouveras un terrain de jeu infiniment plus grand. Ici certaines personnes commencent à te soupçonner. Là-bas tu resteras impunie. J’allais dire ‘‘tu te fondras dans la masse’’ mais ce n’est absolument pas ton désir. Tu méprises la masse, tu lui craches dessus. Sur elle et toutes ses règles de bienséances, ses lois... Tu penses que la vie vaut bien plus que ça. Infiniment plus. Toi tu ne veux pas de cet horrible ‘‘métro-boulot-dodo’’ qui te donne envie de vomir. Tu veux sentir le vent dans tes cheveux alors que tu fonces en moto sur des routes désertes à plus de cent kilomètres par heures, tu veux t’allonger le soir dans la poussière et regarder les étoiles dans le ciel en se disant que ton corps vient de ça, tu veux sentir contre toi la chaleur du corps de Dracula, passer ta main dans sa fourrure en te disant que vous êtes infinis. Dracula d’ailleurs. C’est lui qui t’inquiète. Tu as peur que Phoenix ne lui soit fatale. Mais en un sens Globe l’est tout autant. Il se fait vieux, très vieux. Faible. Il a des débuts d’arthrite. Il bouge moins qu’avant, ne te suis plus à la trace. Tu l’économises tant que tu peux. Tu le fais dormir dans le coffre de la voiture que tu as matelassé. Parce que tu ne veux pas qu’il aille dans la maison de tes parents qui ne se sont pas arrangés. Tu as peur qu’ils lui fassent du mal. Tu as fais tes valises et les as mises dans le coffre. Le vieux berger allemand est assis sur le siège passager à côté de toi. Un sourire aux lèvres, tu tournes la clé dans le contact et entends avec satisfaction le moteur rugir. Sans même boucler ta ceinture, tu baisses un peu les fenêtres et démarres. « Phoenix nous attend mon beau ! » Enfin Phoenix t’attend... Elle n’en a rien à foutre que tu lui poses un lapin ou pas cette grande ville. Mais bon, c’est pas la question. Tu roules pendant des heures sur des routes presque désertes, au milieu - justement - du désert de l’Arizona. Il fait chaud, très chaud mais la vitesse vous apporte un vent puissant par les fenêtres entrouvertes. La radio joue une chanson que tu aimes, Losing Grip d’Avril Lavigne. Soudain Dracula se met à gratter à la portière. Etonnée, tu t’arrêtes sur le bas-côté alors qu’il se met à hurler. C’est la première fois que tu l’entends hurler. Tu sors en vitesse de la voiture et lui ouvres la porte pour qu’il puisse descendre. Il se met à tourner comme un fou dans la poussière sans cesser de hurler puis, frénétique, commence à creuser un trou aussi vite qu’il le peut avec ses pattes remplies d’arthrose. Interloquée, tu le regardes sans rien pouvoir faire. Ca te fait mal de le voir faire ça. Tu sais qu’on dit que les cygnes ne chantent qu’à l’aube de leur mort ? Les animaux le sentent quand ça vient. Et généralement ils ont des comportements irrationnels exactement comme celui que manifeste ton vieux compagnon à l’instant. Tout aussi soudainement que sa ‘‘crise’’ avait commencé, il arrête de creuser. Et se couche en boule dans le creux que ses pattes ont formé. Tu t’accroupis à ses côtés. Tu n’es pas idiote, tu sais que son temps est venu, mais tu ne veux pas l’admettre. Ce chien a très longtemps été ton seul ami, ton rempart contre tes parents. Certes, ta vie n’est plus composée que de lui comme elle l’a été à un moment, mais c’était ton meilleur ami. Je sais que ça fait cliché et larmoyant à dire mais en un sens c’est la vérité. Tu essaies de caresser ton vieux compagnon mais il grogne est montre le dents, ce qui te fait reculer comme si tu t’étais brûlée. C’est la première fois que cela lui arrive. Et ça fait mal. Il n’est plus le même. Oui, il est vieux c’est bien ça. Treize ans qu’il est avec toi. Tu le regardes se calmer peu à peu jusqu’à-ce qu’il laisse échapper son dernier soupir et que sa poitrine cesse de se soulever. Tu passes une main dans sa fourrure. Des larmes coulent sur tes joues. Autant pour un beau début de ta vie sauvage tiens.

all my nightmares escaped my head, bar the door, please don't let them in ! you were never supposed to leave... now my head's splitting at the seams.
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Tu ris. T’as de quoi. Tu as tenu un doigt donneur face à la société pendant toutes ces années. En un sens tu en es fière. Pas en un sens en fait. Dans tous les sens. Tu as vingt-quatre ans maintenant, ça fait longtemps que tu n’es plus cette gamine qui a quitté Globe en perdant son chien en route. Cette gamine elle a grandi en cinq ans. Elle est passé au crime d’au-dessus, a testé les braquages, a fait de la prison pour ça mais ça ne l’a pas dissuadée de continuer. La gamine de dix-huit ans s’est affirmée, plus qu’avant encore, et elle se considère comme partie intégrante de ceux que la société exclue. Ceux dont la société a peur. Et cette gamine en est fière. Oui tu en es fière. Tu n’es plus à Phoenix, tu en es partie. Pour une personne. Une personne que tu as suivie. C’était la première fois que tu acceptais de faire quelque chose pour quelqu’un, même si en un sens tu le faisais aussi pour toi. Mais quand il te l’avait proposé, tu n’avais pas hésité une seconde. Tu avais dit oui, avec des yeux aussi brillant que devant ce bracelet que tu voulais. Sauf que tu étais sincère. Il s’appelle Foster. Foster était mécanicien quand tu l’as rencontré, t’avais amené ta vieille voiture au garage et c’était lui qui l’avait réparée. Et puis vous vous étiez revus. Oh ça n’avait pas pris très longtemps pour que vous soyez complètement accros l’un à l’autre. C’était la première fois que tu avais l’impression de ne plus pouvoir te passer de quelqu’un. Il était comme une dose d’héroïne. Inévitable. Impossible à lâcher. Et tu n’avais de toute façon pas l’intention de le lâcher à l’époque. Tu ne l’as pas plus aujourd’hui. Tu ris en sortant de la voiture et en enfilant une cagoule de tissu noir avant de pénétrer à ses côtés dans la supérette, arme à la main. « Personne ne bouge ! » Coup classique. Quelques cris retentissent dans les rayons. Tout le monde fait preuve de prudence et s’exécute. Heureusement. Il ne vaudrait mieux pas que les choses dégénèrent, tu n’as aucune envie d’appuyer sur la détente. Tu tiens le gérant en joue alors que Foster semble hésiter. Vous n’avez pas le temps. Dans une supérette, n’importe qui peut arriver, à tout moment. Tu t’impatientes. A la base il ne faisait pas ce genre de coup. Il a dit qu’avant il faisait dans la légalité. Plus maintenant. Tu es une mauvaise influence, c’est ce qu’on peut dire. Mais tu t’en fous. C’est bon parfois de subir une mauvaise influence. « Mais qu'est-ce que tu branles Jenny putain, dépêche-toi de vider cette caisse ! » Il se précipite pour fourrer l’argent dans un sac, semblant reprendre ses esprits. Puis il se retourne vers toi. « C'est OK, on peut y aller. » Vous sortez en vitesse de la petite supérette pour vous engouffrer dans le pick-up vert. Tu l’embrasses avant qu’il ne démarre. Tu te retournes vers la banquette arrière pour prendre un sac en plastique que tu fourres dans ton sac à dos, sors tes lunettes de soleil de ta poche et les enfiles avant de t’enfoncer véritablement dans le siège. La route s’étire sous les roues de la voiture, semble-t’il à l’infini. La route c’est tout ce que tu as toujours aimé. A une époque tu as même traîné avec des bikers qui t’ont emmenée en Californie avant de revenir à Phoenix. A vrai dire pendant ces six ans qui ont suivi ton départ de Globe, tu as vécu à deux cents à l’heure. Sauf pendant l’année que tu as passée en prison. Mais ça ce n’est qu’un détail qui t’importe peu. Il n’empêche que tu n’as gardé qu’un souvenir de ta ville natale : une photo de toi et Dracula que tu as glissée dans un médaillon que tu trouvais beau. Un médaillon volé bien évidemment. « J’ai un cadeau pour ton anniversaire. » Parce que oui, c'est son anniversaire aujourd'hui. Il a vingt-cinq ans, un de plus que toi. Sourire aux lèvres, tu lui indiques de conduire jusqu’à un garage auquel vous êtes déjà passés plusieurs fois. Lorsqu’il se gare tu lui fais signe de te suivre jusqu’à un endroit où se trouve une masse informe cachée sous un drap. Avec un sourire mutin, tu fais voler ledit drap, révélant une Harley Davidson rutilante. Volée elle aussi bien sûr mais bon. Tu sais qu’il adore les motos. « Quand tu l’utiliseras pas on la mettra à l’arrière du pick-up. » Eh oui, l’avantage d’une voiture à plateau. Foster se rapproche de toi et te prend par les hanches avant de te voler tes lèvres. Tu te laisses faire avec plaisir et entre deux baisers lui murmures : « Joyeux anniversaire Foster... »

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Tu te réveilles. Un rayon de soleil vient caresser les draps vides. Les draps vides ? Les brumes de ton sommeil ne t’empêchent pas de comprendre que quelque chose ne va pas. Foster n’est pas à tes côtés. C’est étrange mais tu ne t’inquiètes pas vraiment. Il n’y a cependant aucun bruit dans la salle de bains. Tu l’appelles mais seul le silence te répond. Tu te lèves en baillant encore. Il est peut-être simplement sorti. Tu enfiles un jean et un T-Shirt et passes dans la salle de bain. La glace est fissurée vers le bas, il y a des traces d’humidité sur les murs. Il est vraiment miteux ce motel. Mais bon, c’est toujours mieux que de dormir dans la voiture - ce qui vous est déjà arrivé ceci dit. Lorsque tu sors de la douche - oui tu t’es habillée avant d’aller dans la douche, ce qui était stupide mais ne veut pas dire que tu t’es douchée avec des vêtements - il n’est toujours pas revenu. Intriguée, tu sors sur le couloir extérieur du motel qui a vue sur le parking. Votre bon vieux pick-up vert est toujours là. Tu t’apprêtes à retourner dans la chambre quand un détail que tu n’avais jusque là pas remarqué t’attire l’oeil. La moto. Elle n’est plus là. Tu plaques une main devant ta bouche. On l’a volée ou bien ?... Prise d’un affreux doute tu retournes en trombe dans la chambre. Tu n’y avais pas fait attention mais le sac de Foster n’est plus là. Merde. Qu’est-ce qui s’est passé ? Ton regard balaie l’endroit avant de se poser sur un papier innocemment posé sur la table de nuit. Tu te précipites dessus. ‘‘je t’aime je suis désolé.’’ Et c’est signé Foster bien évidemment. Tu passes la main dans tes cheveux, atterrée. Merde. Il est parti ? Tu n’arrives pas à comprendre. Il t’aime ? Mais pourquoi il s’est barré putain ? Tu ne peux aligner plus de deux pensées cohérentes. Quand on n’aime quelqu’un on ne part pas comme un voleur pendant la nuit. Ca tu le sais. Alors ça veut dire qu’il ment forcément sur ce papier. Mais tu croyais qu’il t’aimait. Tu te laisses tomber sur le lit, hébétée. Désolé de quoi ? Désolé de t’arracher le coeur et de se barrer avec ? Parce que c’est ce qu’il vient de faire là. Tu réalises enfin. Il t’a laissée. Il t’a laissée dans un motel miteux avec un putain de mot et ce pick up de merde ! C’est pas possible... Des larmes coulent sur tes joues, tu les sens à peine. Tout ça ne cadre pas. C’est pas le genre de Foster ça, de t’abandonner. Mais il l’a fait de toute évidence. Tes sanglots se font plus forts. Dieu, ça fait mal. Tu aimerais dire que ça va, tu aimerais jouer les coeurs de pierre. Mais tu n’es pas assez forte. Il t’a laissée comme toi-même tu as laissé plein de mecs. Sauf que ça faisait des années que vous étiez ensemble sur les routes. Il était la personne qui avait le plus compté dans ta vie. Avant Dracula. Et que personne ne rie. Pour toi Dracula avait compté bien plus que toutes tes conquêtes. Mis à part Foster évidemment. Il était ta dose d’héroïne et il t’impose un sevrage brutal. Comment tu vas faire pour survivre au changement ? En cet instant tu as l’impression que c’est impossible. Autant physiquement que psychologiquement parlant. C’est inhumain ce qu’il t’a imposé. Tu ne peux arrêter tes larmes. Tu n’es pas assez forte. Après une heure d’inertie totale, tu sembles enfin sortir de ta torpeur. Tes yeux rougis sont gonflés comme si tu avais des allergies. T’as l’air belle tiens ! Et pourtant tu rassembles tes affaires pour les fourrer dans ton sac que tu jettes sur le siège passager. Puis tu tournes la clé dans le contact. Tu iras voir à Phoenix s’il n’y est pas. Puis tu passeras voir dans sa ville natale. Il avait dit qu’il venait d’où déjà ? Un truc comme... Fairview je crois. En attendant tu retourneras ciel et terre s’il le faut mais tu le retrouveras. Tu es déterminée. Tu essuies les derniers vestiges de larmes qui maculent ton visage et te mets en route. Tu lui feras comprendre à Foster, même si pour ça tu dois parcourir tout le pays d’Est en Ouest et du Nord au Sud. Tu lui feras comprendre qu’on ne laisse pas Mel Moriarty comme ça. Et qu’on ne s’en tire pas avec un simple mot.