Tell me that it's you ~ Lainey

Un marteau à la main, et tapotant sur une planche de bois, Clay faisait ce qu'il savait faire de mieux depuis maintenant trois semaines : rebâtir la maison de ses parents. Il avait toujours aimé bricoler et avec tout ce qui lui était arrivé ces derniers mois, notamment son retour précipité du japon, un pays qu'il avait totalement adopté, bricoler lui permettait de s'évader, vider son esprit. Il en était même presque content que la maison de ses parents ait brûlée. Tapotant machinalement sur sa planche, Clay aimait observer la rue, et ce qui s'y passait : il pouvait y voir le facteur, des voisines faisant leur jogging, les enfants courir dans la rue … Il était loin d'être d'une nature curieuse mais il aimait observé les choses de l'extérieur sans trop se poser de questions. Regardant autour de lui, une jeune femme attira son attention, elle était brune et marchait dans Wisteria Lane, elle était trop loin pour mettre un nom sur cette silhouette mais plus elle se rapprochait et plus Clay pouvait la distinguer. Devant l'identité de cette jeune femme, il ne fit pas attention lorsqu'il tappa sur sa planche et se donna un énorme coup sur la main. Il poussa un cri de douleur ce qui interpella la jeune femme, elle s'approchait de plus en plus de lui, et ce n'était autre que Lainey Huxtable. Le visage de Clay s'éclaircit et malgré la douleur, un sourire vint se dessiner à la commissure de ses lèvres. La jeune femme semblait regarder la main du beau brun solitaire mais ne semblait pas le reconnaître.  « Lainey ? » demanda t-il tout en faisant pression sur sa main qui lui faisait terriblement mal. Les deux jeunes gens c'étaient rencontrés il y a un peu plus d'un an lorsque Clay était venu rendre visite à ses parents comme il avait l'habitude de le faire au moins deux fois par an depuis qu'il vivait au Japon. La jeune femme l'avait interpellé pour lui demander de lui raconter son passé de champion du monde de cyclisme, afin de s'en inspirer pour l'un de ses personnages de roman. Bien que Clay était loin d'être le genre de personne à confesser ses expériences personnelles, il avait aimé la douceur de Lainey et avait accepté son invitation. Ils avaient passé toute une semaine à se rejoindre au café de Fairview en échangeant des faits sur leur vie commune, c'était la première fois que Clay se confiait autant et ce à une parfaite inconnue. Une chose en entraînant une autre, le dernier soir de ses congés, Clay prit son courage a deux mains et l'invita au restaurant, et il finit par l'embrasser sur le pas de sa porte. Clay ne c'était jamais sortie cette soirée de la tête tant il avait apprécié ce moment alors retrouvé Lainey un an plus tard lui faisait un petit pincement au cœur.

On planifie nos vies, qu'importe ce que vous essaierez de dire pour vous décharger, tout le monde a un jour tenté de planifier sa vie. Petit, on se voit réaliser ses plus grands rêves, sous les projecteurs, la fierté de ses parents. Adolescent, on se perd entre ce que les autres veulent pour nous et ce qu'on souhaiterait au plus profond de nous. Jeune adulte, on a rien de tout ça, ni ce que les autres voulaient qu'on soit, ni ce qu'on avait planifié auparavant. Et plus tard, on finit par en rire, nier qu'on a voulu tout régir d'une main de maître. Planifiez, allez-y, vous verrez comme la vie vous prend de court. Certaines rares personnes finissent par faire ce qu'elles voulaient depuis le départ, même si pour cela elles ont du sacrifier les choses les plus chères dans leurs vies. Mais au fond, c'est ce qu'on veut tous, à n'importe quel prix, finir notre vie comme on se l'est imaginé dès le départ. A n'importe quel prix. Ne niez pas. Inconsciemment, on le veut tous. Inconsciemment. En toute inconscience, voilà ce qu'on finit par comprendre, qu'il faut de l'inconscience pour avoir des rêves et tout faire pour les réaliser. Mais encore plus, il en faut pour tenter de retrouver ses anciens rêves. J'en étais là. Rebâtir tout ce que j'avais construis. La seule chose qui tenait encore debout était ma carrière apparemment et heureusement pour moi, je n'avais pas été assez inconsciente pour me risquer de ne pas lui construire de solides bases. Tout l'inverse du reste de ma vie, rien n'avait été planifié jusqu'au bout, rien n'avait été achevé, pas même mes liens d'amitiés avec les autres. C'est comme si autrefois j'avais été une personne qui espérais se défaire de tout au moindre moment qui se présenterait. J'avais été ce genre de personne ? J'avais pourtant l'impression d'en être à des millions de miles away. A commencer par mon manque de confiance, en moi et en tous ceux qui m'entourent. Comment faire confiance aux gens quand on sait qu'ils savent beaucoup de choses sur vous mais que vous, vous ne savez rien, ou plus rien du moins. C'est ce que je me ressassais en marchant dans les rues calmes et belles de Wisteria Lane, seule. Le regard des gens était insistant, c'en était gênant, mais un cri m'interpella et me sortit de ma rêverie. Je m'étais approchée à grands pas, voyant le visage de l'homme en question s'illuminer malgré la douleur. Il prononça mon nom, ce qui me provoqua un léger mouvement de recul. Visiblement il me connaissait, mais il ne semblait pas savoir que moi, je ne le connaissais pas. "J'ai eu l'habitude de l'être." puis je me rendis compte que cette réponse était très.. bizarre, même pour quelqu'un de partiellement amnésique. "Vous allez bien au moins ? D'après le cri que vous avez poussé, vous avez sacrément dû vous faire mal ! C'est dangereux de bricoler sans regarder vous savez.." je fis un léger sourire, essayant de déchiffrer son expression énigmatique.

Le mouvement de recul de la jeune femme au moment ou il avait prononcé son nom , interpella Clay, il avait comme l'impression qu'elle ne le reconnaissait pas. Il ne savait pas si il devait être vexé ou quoi que ce soit puisque les deux jeunes gens avaient tout de même échangé un baiser passionné même si cela remontait à un peu plus d'un an. "J'ai eu l'habitude de l'être." déclara t-elle. Un sentiment d'incompréhension se remarqua sur le visage de Clay, il avait légèrement froncé les sourcils et avait du mal a comprendre, ou la jeune femme voulait en venir avec une telle déclaration. Il n'eut pas le temps de lui poser une quelconque question tant sa main lui faisait mal. Quelques mimiques de souffrance se reflétaient sur son visage et sa main le lançait de plus en plus. Il décida d'enlever doucement sa main qui faisait pression, la plaie était assez profonde et Clay faillit tourner de l’œil lorsqu'il l’aperçut, c'est pourquoi il remit directement son autre main par dessus. "Vous allez bien au moins ? D'après le cri que vous avez poussé, vous avez sacrément dû vous faire mal ! C'est dangereux de bricoler sans regarder vous savez.." pas très viril de prononcer un cri si fort pensa le brun ténébreux. « On va dire que j'ai été distrait » dit-il avec un magnifique sourire malgré le fait qu'il avait terriblement mal. Avec ce sourire, il avait l'habitude d'en faire craquer plus d'une et ce même si il ne le voulait pas vraiment. Beaucoup aime lui dire que ce sourire est « son atout charme ». Comme il venait de le dire à Lainey, il avait été distrait par la jolie brune qu'il ne s'attendait pas à revoir si vite. Bien évidemment il savait qu'il allait la revoir ou plutôt, depuis son retour à Fairview il espérait la revoir. « Ça devrait aller, ce n'est qu'une petite blessure mais ça vous embêterait d'aller chercher un peu de gaze et de désinfectant dans la caravane ? » Clay avait l'habitude des petites blessures lorsqu'il bricolait, ses mains étaient remplies de petites coupures et bobos en tout genre mais là il minimisait un peu la chose en disant que ce n'était pas grand chose. « j'aurai bien été chercher tout ça moi même mais il faut que je fasse pression avec mon autre main  et je n'ai pas envie de laisser mon sang un peu partout dans mon palace » plaisant-a t-il en montrant la caravane avec sa tête. Cette plaisanterie lui permettait de montrer à la jeune femme que malgré cette blessure, il restait un homme et n'allait pas tomber dans les pommes de plus il était un peu gêné par la situation, puisque visiblement Lainey ne se souvenait pas de lui.

Il était clair qu'il me connaissait ou qu'il m'avait connue, j'ignorais depuis combien de temps il vivait ici, mais assez longtemps sûrement pour vouloir reconstruire sa maison, qui visiblement avait brûlé. Je fus sortie de ma rêverie, à nouveau, par son sourire enjôleur, qui ne souffrait nullement de la vilaine blessure à la main, mais il n'avait pas l'air aussi à l'aise qu'il aurait dû l'être. Je répondis par un léger sourire, mais néanmoins crispé, par cette drôle de rencontre mais également par la scène qui se déroulait sous mes yeux de narrateur externe à la vie de Lainey. Il émit alors le souhait que j'aille lui chercher de quoi se soigner, ce qui semblait évident et qui me réveilla un tant soit peu, j'étais désormais dans la hâte de lui chercher de quoi panser cette vilaine blessure. "Oh oui bien évidemment, je me dépêche d'aller chercher ça pour.. vous." Alors que j'étais à quelques mètres de son "palace" comme il aimait à l'appeler, ce qui m'arracha un léger sourire à nouveau et alors que je m'avançai un peu plus, je lançai, "au moins je n'aurais pas à chercher trop longtemps !" Je n'eus pas le temps d'entendre sa réponse, j'étais déjà entrée dans sa caravane, qui de fait était très cosy et très agréable, pour une caravane. Je trouvai ce qui semblait être une trousse à pharmacie, et pris le nécessaire pour soulager ce cher inconnu pas si inconnu. Lorsque je revins, il était assis sur les marches de l'entrée, du moins, ce qui y ressemblait. Je m'installai à ses côtés, prenant sa main blessée dans la mienne, repoussant son autre main qui semblait vouloir reprendre le contrôle, mais la blessure était vilaine, il ne pouvait décidément pas faire cela lui-même. Je désinfectai d'abord, prenant soin d'y aller doucement, malgré le sang qui coulait à flots. "Vous êtes sur de ne pas vouloir aller aux urgences ? Je veux dire, vous pourriez avoir besoin de points.." mais je continuai tout de même à désinfecter, posant soigneusement mais fortement le gaze sur sa blessure. Lorsque je le soulevai, le saignement commençait à s'arrêter. "Oh, on dirait que vous avez de la chance. Comment dois-je vous appeler au fait ?" dis-je très maladroitement, sentant son léger mouvement de recul. De fait, il connaissait bel et bien mon prénom, mais j'ignorais le sien et encore plus, j'ignorais son identité totale. Encore un fantôme de mon passé. "Enfin, je suis désolée.. Vous semblez me connaître, mais.. je ne sais pas si vous savez, j'ai eu un accident, et.. le choc a fait que.. j'ai des troubles de la mémoire. Mais je pense que ça ne vous a pas échappé.."