El' ๑ let's set the world on fire

Voilà, c'est la fin. Je quittais sans regret la fac de New York, fac qui m'avait supporté pendant trois longues années. J'avais entamé des études de droit. Trois longues années qui ne m'avaient rien apporté. Depuis que j'avais regardé Ally McBeal, c'était mon rêve de devenir avocate. Je trouvais que sa vie était passionnante, qu'elle était fun et je me disais que, malgré ses peines de cœur, elle avait une bonne vie. Bien sûr, en grandissant, je suis devenue moins naïve, plus mature. Mais l'envie de devenir avocate ne m'est jamais passée. Je suis née à New York, cette grande ville qui fait tant rêver des milliers de personnes, un vingt quatre avril mille neuf cent quatre vingt huit. Ce fut le jour le plus heureux pour mes parents. J'étais là, en chaire et en os. Ma mère me raconte souvent qu'elle m'a fait à partir de rien, que je suis la prunelle de ses yeux et que de me voir réussir dans la vie compte beaucoup pour elle. J'aimerais en dire autant de mon père, mais malheureusement, tout ce qui me reste de lui, ce sont des photos et un t-shirt que ma mère garde précieusement. Il est décédé alors que je n'étais qu'un bébé, victime d'un chauffard ivre. Selon mon oncle, j'ai hérité de ses yeux ainsi que de son caractère, alors que j'ai eu la beauté et la grâce de ma mère. Me dire que je lui ressemble est une sorte de fierté. Je foulais une dernière fois les marches de la fac. J'étais contente de partir. Je me retournais pour faire face au vieux bâtiment, un soupire de soulagement s'échappa alors de ma bouche. Ce fut la dernière fois que j'avais mis les pieds dans ce quartier. J'avais fait le choix de ne pas en avertir ma mère avant d'avoir finalisé mon départ avec le doyen. Je savais qu'elle ne me soutiendrait pas, à défaut de mon-père. Ils se sont mariés lorsque j'avais cinq ans, il m'a élevé comme si j'étais sa fille, je l'aime comme si il était mon père. Le fruit de leur union s'appelle Noah, mon petit frère. « Tu es complètement folle! Qu'est-ce que tu vas faire maintenant? » Je franchissais les portes de mon appartement pour attraper ma valise que j'avais soigneusement préparée la veille. « Maman, maman, calme toi, ne crie pas. Je vais rejoindre Chloey à Fairview, je vais ouvrir ma boutique de fleurs! » J'ai toujours eu la main verte, on avait le plus beau jardin du quartier. Le week-end, après une semaine chargée à la bourse, ma mère adorait se retirer dans notre jardin. J'étais fière. « Tu es sûre que tu veux vivre avec Chloey? » Je regardais une dernière fois mon appartement, attrapais les clés puis quittais la pièce. Chloey, c'est ma meilleure amie, je la connais depuis que j'ai dix ans. On a fait les quatre cent coups ensemble. Elle est beaucoup plus "fofolle" que moi. Lorsqu'on était au lycée, je me suis retrouvée les fesses posées sur la photocopieuse à attendre que celle-ci sorte nos clichés. Toujours autant de décadence et de folie. Alors la rejoindre dans cette petite ville si mystérieuse m'est apparu comme une évidence. « Oui je suis sûre. Je dois te laisser, je t'aime. » Le changement avait du bon, c’est indéniable, puis changer de vie, dans une petite ville comme ci, c’était le rêve pour moi. Je comptais bien m’imposer comme LA fleuriste du coin. Les cheveux dans le vent, d’un pas décidé, je montais dans ma voiture afin de partir vers l’inconnu. J’allumais la radio, montait le volume au maximum. J’étais heureuse.

Ma boutique de fleurs marchait plutôt bien. Les gens ne s’y précipitaient pas, mais je savais que j’avais acquis une certaine notoriété. Fairview était une ville pleine de mystère, pleine de secrets, pleine de charme. Les habitants étaient tous plus extravagants les uns que les autres, et les ragots ne s’arrêtaient jamais. J’avais l’impression de vivre dans une atmosphère sortie tout droit d’un film. C’était à la fois excitant et passionnant, bien que la plupart de ces commérages ne m’intéressent guère. J’avais presque tout pour être heureuse. Il ne me manquait plus que l’amour. Je ne le cherchais pas non plus désespérément, mais voilà, je ne dirais pas non si il se pointe dans ma vie.