Camélia R. Hammer |C'est de la foutaise, ton histoire de torchons et de serviettes...

Les mains tranquillement posés sur ses genoux, Camélia fixa ses ongles sans oser adresser le moindre regard aux personnes qui étaient en face d'elle. Elle n'avait que neuf ans, et malgré son jeune âge, elle savait que le couple qui ne cessait de la regarder, était venu pour elle. Elle entendait les paroles qu'ils prononçaient avec la directrice de l’orphelinat. Quand la petite fille entendit son prénom, elle releva la tête en adressant un sourire qui se voulait faux. Non, elle n'avait pas envie de partir, pas envie de quitter l’orphelinat dans lequel elle avait passé toute son enfance, pas envie de quitter les autres enfants avec qui elle s'entendait merveilleusement bien. Elle n'avait guère envie d'aller dans cette nouvelle famille, dont elle ne connaissait rien. En effet, Camélia savait seulement qu'ils avaient quatre autres enfants, trois gars et une fille. L'idée d'essayer de s'intégrer dans une famille nombreuse, où les parents lui donnait dès le début une mauvaise impression, ne lui plaisait guère. Pourtant, elle était obligé, il le fallait. C'était peut-être sa seule chance de savoir quelle était le bonheur d'avoir une famille. Elle qui n'avait jamais connu la sienne. Elle ne connaissait rien de ses parents biologiques, on lui avait simplement dit qu'elle avait été abandonné à la naissance telle une vulgaire poupée qu'on ne veut pas. Cette hantise de ne jamais trouver les parents, la famille qui comblerait cette faille naissante venait de s'envoler ; peu à peu, au fil des minutes. Le moment des aurevoir arriva enfin. La petite fille enlaça une dernière fois la directrice qui lui effleura les cheveux en signe d'adieu. Avant que leur étreinte ne se brise, elle murmura à l'oreille de Camélia que même si une nouvelle vie s'offrait maintenant à elle, l’orphelinat gardera toujours ses portes ouvertes pour elle. Une parole qui suffit à embuer les yeux de la fillette, avant que sa nouvelle mère ne lui prenne la main afin de la conduire au véhicule qui allait la conduire dans sa nouvelle demeure.

Quelques mois venaient de s'écouler depuis son arrivée dans sa nouvelle famille. Camélia qui était d'habitude sociable et énergique, n'arrivait pas à s'intégrer aussi facilement qu'elle l'aurait pensé dans sa nouvelle famille. Pour une raison qui lui était inconnue, les autres enfants de la famille n'appréciaient que très peu lorsqu'elle désirait jouer avec eux. Alors, elle se renferma de plus en plus dans sa chambre. Des pensées sombres et surtout chimériques circulant dans son esprit. Plus les jours défilaient et plus elle essayait de se persuader que ce n'était que le début, que peut-être le lendemain serait le jour où enfin elle pourrait considérer cette famille inconnue comme sa famille à elle. Mais, rien n'y faisait. Pourtant, un soir, juste après que ses nouveaux parents ne soient venus lui souhaiter bonne nuit, Rose espéra secrètement dans un coin de son esprit que demain serait le jour de tous les souhaits, le jour où le bonheur pourra être présent. Le jour tant arrivé qui était celui de son anniversaire, la jeune fille avait un sourire immense dessiné sur ses lèvres. Elle attendait, impatiente, tel un jour de Noël, que ses cadeaux n'arrivent, qu'on l'embrasse sur la joue afin de lui souhaiter bon anniversaire. Ses yeux se posaient à chaque instant sur les enfants de la famille, qui ne semblait pas prendre conscience du jour spéciale qu'était aujourd’hui pour la jeune blonde. Enfin, le soir quand elle crut, telle une enfant naïve, qu'il lui avait peut-être préparé une surprise, la vérité lui sauta aux yeux. Ils avaient oublié son anniversaire. Personne n'avait fait attention qu’aujourd’hui c'était le 6 août ; ils avaient tous été trop occupé à profiter de leurs vacances estivales. Quelques petites larmes coulèrent sur ses joues, avant que Camélia ne se lève de l'endroit où elle était assise. Sans réfléchir, elle cria, ne se préoccupant plus de ce qu'il lui passait par la tête, tellement elle était insurgée. « Vous avez oublié mon anniversaire ! Comment avez-vous pu oublier ? C'est pour ça que vous m'avez arraché de l’orphelinat ? Pour me faire croire que j'avais enfin une famille, alors que ce n'est même pas le cas ! » Tous les regards se posèrent sur la petite fille. Les autres enfants suivirent la scène sans dire un mot, alors que la femme regardait Rose comme-ci ce qu'elle disait était tout complètement grotesque. Quant à l'homme de la famille, il s'était levé faisant ainsi face à la jeune blonde. « Je ne te permet pas. Si nous avons oublié ton anniversaire c'est parce que nous avons une excuse tout à fait valable. » La mère qui était assise à côté de ses enfants se mit à parler d'une voix fausse. « Tout à fait. » Face à ce manque de considération à son égard, Camélia continua à parler d'une voix indignée, tant la colère avait envahit son esprit. « Vous étiez surtout trop occupés à vous occuper de vos vacances au lieu de moi, oui. Je m'en fous de toute façon vous n'êtes pas mes vrais parents, ni ma vraie famille, et vous ne le serez jamais ... » Avant que la fin de sa phrase ne fut achevée, la petite fille reçut une violente gifle sur la joue gauche. Portant la main sur sa joue, elle fronça les sourcils en regardant son père qui ne ressentait aucun remord à lui avoir donné une gifle. Les larmes perlant à nouveau sur son visage, Camélia courut sans un mot dans sa chambre, où elle ne sortit pas. Elle pleura pendant une partie une nuit. Toutes les larmes contenues dans son corps coulaient sur ses joues avant de tomber sur le coussin qu'elle tenait dans ses bras. Elle criait contre son oreiller, puis pleurait. Comme jamais elle ne serait senti capable de la faire. Toutefois, elle décida de se promettre que c'était la dernière fois qu'elle pleurait autant et que c'était la dernière fois qu'elle mettait les pieds dans cette famille. Le lendemain, la petite fille demanda à être renvoyée à l’orphelinat. Le père avait beau essayé de la faire changer d'avis, rien n'y changea. La femme quant à elle fut accablée de chagrin, mais il était évident qu'elle allait très vite s'en remettre. Dans tous les cas, cela n'avait pas de grande importance pour Rose.

Lorsque ses pieds se posèrent sur le sol de l'orphelinat, il lui sembla qu'un souffle familier, agréable l'envahissait. Sans plus réfléchir, Camélia se jeta dans les bras de la directrice, avant de retourner dans son ancienne chambre, comme-ci cela était tout à fait naturel. Elle n'avait aucune envie de revoir une seconde de plus la famille d’accueil, cette famille qui n'en avait pas était une. La petite fille retrouva très vite ses marques, ainsi que son enthousiasme. Plus les minutes, les heures, les jours, les années passèrent et plus elle voyait certains de ses amis s'en aller vers une famille, sans qu'elle, elle ne quitte l'orphelinat.

Le pessimiste l'ayant envahi peu à peu à l'idée qu'un jour elle puisse retrouver une famille digne de ce nom, Camélia eut la magnifique chance de tomber sur un couple qui semblait prêt à l'adopter. Un couple qui se sentait prêt à avoir un enfant âgé alors de douze ans. Lors de leur première rencontre, Rose sentait que ce couple était différent, qu'eux ils pouvaient faire de bons parents. Et plus elle les voyait, plus elle avait hâte qu'ils l'adopte, afin qu'elle puisse habiter avec eux. Afin qu'elle puisse construire une véritable famille à leurs côtés. Quand enfin le jour fut venu, quand enfin ils l'adoptèrent, Camélia fut soudainement heureuse de quitter l'orphelinat, sentant que cette fois-ci cette famille était légèrement différente de l'ancienne. Bien que au plus profond de soi même, elle était anxieuse vis à vis de se retrouver dans un univers qui pour l'instant lui était inconnu.

Six ans après son adoption, Camélia a parfaitement su s'intégrer à sa nouvelle vie de famille. Lily, qui était à présent sa nouvelle mère, s'entendait merveilleusement bien avec la jeune fille. Celle-ci n'aurait jamais pensé qu'elle aurait pu avoir autant de connivence avec une personne qu'elle n'aurait peut-être jamais rencontré si elle n'avait pas abandonné son ancienne famille d'adoption. Seulement, telle qu'elle aurait pu s'en douter, les rapports entre son père, Aaron, et elle étaient un peu plus compliqués. En effet, la jeune fille ne pouvait s'empêcher de lui reprocher des choses et de se disputer avec. Comme-ci son ancienne altercation avec son ancien paternel de son ancienne famille ne lui avait rien appris. Ce qui n'était d'ailleurs pas totalement faux. Toute sa vie, Camélia allait se souvenir de cette gifle soudaine, et à chaque fois elle allait peut-être être angoissé à ce que Aaron fasse la même chose ; pourtant il lui semblait que le passé était le passé et qu'il fallait oublier cet incident, comme cela peut facilement être dit. Toutefois, l'adolescente avait la forte impression – et ça depuis plusieurs années déjà – que son père avait beaucoup plus d'affection pour sa mère, que pour elle. Alors, Rose qui est de nature jalouse, répliquait sans cesse, se disputait à chaque motif presque absurde contre son père ; qui ne pouvait s'empêcher de répliquer tant leurs caractères étaient similaires. Bien entendu, quelques personnes ne pouvaient s'empêcher de s'exclamer que cela était simplement la cause d'une crise passagère d'adolescente. Mais, la jeune fille savait que non, et malgré elle, l'agressivité qu'elle ressentait face à ce manque d'attention que ne lui offrait pas son père, n'allait pas disparaître aussi facilement que cela pourrait être le cas.

◮ COMMENTAIRES/APPRÉCIATIONS : Le design est génial et il semble y avoir une bonne ambiance.