TOPIC COMMUN • this is not a day like any other

« Ouuuu[...]iiiiiin » Ce son ne présageait rien de bon. Tandis que tous les conviés suivaient le véhicule trimbalant le cercueil au rythme de la mélodie morose qui flottait dans l'air, elle grimaça avant de tourner le regard vers le petit ange qu'elle tenait dans ses bras. Lui faisant signe de se taire, elle manqua de trébucher sur une botte d'herbe, ne faisant pas attention où elle mettait les pieds. Malheureusement, Laura se remit à geindre, ce qui attira les regards vers elle. Affichant un sourire innocent, elle grimaça une fois sortie des rang, afin de pouvoir calmer en paix sa petite princesse. A vrai dire, cette petite pause la soulagea. Marcher la tête baissée dans un silence perturbé par quelques notes assourdissant, ce n'était pas vraiment son truc. Mais elle se devait d'être là, pour rendre un dernier hommage à cet homme qu'elle appréciait autrefois. Harnold Franklin avait été l'un des maires les plus exemplaires que Fairview a eu la chance d'avoir, et, vivant ici depuis toujours, elle en avait vu du monde défiler sur ce fauteuil. Il faisait parti des meilleurs. Sa petite poupée dans les bras, elle retourna dans la file, à côté de son mari Gabriel. « Tout va bien ? » chuchota-t-il en se penchant vers elle. « Si tout va bien ? Tiens, sent moi ça. » Soulevant la petite Laura afin de lui mettre son derrière devant le nez de l'homme, il eut un mouvement de recul, ce qui attira l'attention. Des sourcils froncés, des mines sévères se tournèrent vers elle, ceux a quoi elle répondit d'une grimace assumée. « Arrête de te faire remarquer. » Le fusillant du regard, elle se retint de commenter, ne voulant pas gâcher la cérémonie.

Une fois arrivé au lieu de l'enterrement, Gaby prit place sur une chaise de la troisième rangée de droite et resta muette comme une carpe. Le regard libre qui regardait l'horizon, ce dernier fut vite tourné vers Eden qui venait de lâcher un cri. S'abstenant de faire tout commentaire, jugeant cela déplacé suite au remue-ménage qu'elle avait provoqué lors de la marche, elle fronça toutefois les sourcils avant de regarder une à une les personnes qui prenaient place devant, derrière et même à côté d'elle. Bientôt, toutes les chaises auront trouvés quelqu'un à supporter et la mise à terre pourrait commencer. Tandis que le silence était en train de se faire dans l'assemblée, les pleurs de Laura reprirent de plus belle. « Oh mais tu peux pas la boucler oui ? » rugit-elle, les nerfs à vifs.

« Dire que je pourrais être en train de nager dans ma piscine. » Et dire qu'elle croyait que tout enterrement se faisait sous un soleil voilé. Quelle déception ! Ses lunettes de soleil casée sur son nez, elle regardait le soleil en train de briller, regrettant sa présence ici. Le bras entremêlé à celui de son frère, elle baissa la tête avant de soupirer, affichant une mine dépourvue de compassion. Non, elle ne voulait pas être ici. Elle voulait être chez elle, en train de profiter de ce magnifique temps, utiliser cette belle journée pour faire quelque chose de plus sympa que ça. A vrai dire, elle ne savait même pas ce qui la retenait. Il ne lui serait pas dur de quitter les rangs et retourner dans sa ville banlieusarde. Mais non, malgré toute la mauvaise volonté du monde, elle resta et continua sa route. Harnold Franklin était mort. C'était un coup dur pour les habitants de Fairview. Sans même comprendre, la jeune Jenkins tournait la tête afin d'observer les mines ravagées de toutes ces personnes. Elle ne connaissait Harold que comme 'le maire' et elle n'y avait jamais prêté la moindre attention, elle ne se souvenait même plus si elle lui avait déjà adressé la parole. La file qui s'était formée derrière le cercueil était énorme. C'était comme si Fairview était venu au rendez-vous.

Il était presque 15 h quand le monde commença à s'installer sur les chaises mises en place juste devant le trou dans lequel le défunt serait hissé. Naturellement, France s'était avancé jusqu'au premier rang et avait croisé ses jambes. Se refaisant une beauté à l'aide de son miroir transportable et de son gloss, elle ne prêtait pas attention à ce qu'il se passait autour d'elle. Jusqu'à ce que des pleurs d'enfants viennent lui hérisser les cheveux sur la tête. Serrant les dents, elle leva les yeux au ciel. Elle détestait les enfant, et rien que les entendre lui donnait envie de les claquer. Rangeant ses petites affaires dans son sac à main, elle se leva et se tourna vers l'endroit d'où le bruit venait. Elle reconnut Gabrielle et Nirvana qui tenait leur petites mocheté dans les bras, tentant de les calmer de deux manières différentes. « Faites taire vos mioches vous deux ! » rugit-elle en les pointant du regard, invitant tout le monde à se tourner vers elle pour les assaillir de regards accusateurs. « C'est déjà assez pénible d'enterrer ce grand homme … on a pas à supporter les pleurs de deux razmockets. » Elle se donnait elle-même envie de rire. Se rasseyant, elle esquissa un léger sourire discret. Un petit peu de remue-ménage ne pouvait pas faire de mal ...

« Rose on y va. » Elle-même n’était pas complètement prête, mais en bonne mère elle se devait de presser sa fille. Ce jour-là était un jour important, triste mais important tout de même. Le maire était mort la veille, de ce que Robyn avait pu entendre. La nouvelle s’était très vite répandue, toute la ville était au courant avant l’annonce officielle du décès. Alors qu’elle se regardait une dernière fois dans le miroir de l’entrée, Robyn eut un flash-back d’une de ses premières conversations avec le désormais, défunt Harnold Franklin. Elle venait d’arriver à Fairview, Rose était encore toute jeune. Il lui avait demandé si elle était sa fille, et contrairement à beaucoup, sa réaction fut positive. Il semblait sincère, lorsqu’il lui dit qu’elle avait beaucoup de courage, et qu’il était fier de voir que des jeunes femmes comme elles, arrivaient à s’occuper correctement de leurs enfants. Elle sourit en coin, puis la voix de Rosela sortit de ses pensées. « J’suis vraiment obligée d’y aller ? » La blondinette gémit. Pour une fois, ça n’était pas un caprice de sa part, mais un réel malaise. Elle avait conscience que ce genre d’environnement n’était vraiment pas facile à cerner, mais c’était un devoir. « Moi aussi je préférerais faire autre chose que d’enterrer un homme bon, tu sais. Mais c’est comme ça, on n’a pas le choix. » Elle passa une main dans la chevelure de sa fille. Chaque mort la renvoyait à celle de son père, même si elle ne l’avait jamais connue. Rose plissa les lèvres, et fit demi-tour pour aller chercher sa pochette. « C’est bon. » Robyn sourit à nouveau, s’adressant à sa fille. « T’es toute mimi comme ça, on pourrait croire que tu es un ange. » Elle était tout sauf ça, il fallait l’avouer. Mais avec les cheveux relevés et en chignon, elle paraissait particulièrement vulnérable. Ce qu’elle était peut-être vraiment, au fond. « Let’s go. » La mise en terre avait lieu à quinze heures pile, il fallait donc y être une bonne heure avant. Non loin du cimetière, une foule de gens se trouvaient déjà là, en train de marcher derrière le cimetière du disparu. Le cœur de Robyn se serra, aussi bien qu’elle prit la main de sa fille, qui à sa grande surprise ne broncha pas. Après quelques minutes de marches, ils arrivèrent enfin au cimetière. Robyn et Rose prirent place, non loin de Gabrielle qu’elle put apercevoir. Elle lui fit signe, et vint s’asseoir derrière elle et sa petite famille, les places à côté étant prises. Elle vit aussi Eden à qui elle adressa un sourire. « Faites taire vos mioches vous deux ! C'est déjà assez pénible d'enterrer ce grand homme … On a pas à supporter les pleurs de deux razmockets.» Robyn fronça les sourcils, et lança un regard noir à la jeune femme qui venait de dire ces paroles. Malgré tous ses efforts, elle ne put s’empêcher de lui répondre. « Un peu de respect, c’est possible ? »

Journée de deuil à Fairview, même si toute la semaine avait été dans ce ton là également. Harnold Franklin le maire de Fairview était mort, voici les mots qui étaient affichés sur le journal local depuis plus de quatre jours, un tel choc pour tout le beau monde de la ville. Harnold était un ami de la famille, il était très proche de mes parents et lorsqu'ils sont morts, il a toujours été là pour nous soutenir Maddie et moi, il m'avait même pistonné pour acquérir ma petite maison à Mount Pleasant. C'était un homme bien et qui de plus, n'avait nullement l'air d'être mêlé à des affaires douteuses, quoi qu'on ne peut jamais être certain de rien et peut-être qu'une fois de plus, les apparences étaient trompeuses. Mais l'image que nous garderions tous d'Harnold était très positive, un homme prêt à tout pour sa ville et aujourd'hui on constatait que justement c'était peut-être un peu trop.

J'arrivai alors au cimetière, il y avait une foule phénoménale, à croire que la ville entière était venue et c'était sûrement le cas. Je me plaçai à côté de Madame McCluskey, cette incroyable commère qui avait déjà commencé à déblatérer, quel irrespect pour ce grand monsieur qu'était Harnold Franklin. J'entendis également cette peste de France agresser les parents qui avaient des enfants en bas âge. « Madame McCluskey, on est dans un cimetière ici, gardez vos suggestions et potins pour après. » Oui c'était un cimetière, là où mes parents étaient tous deux enterrés et je ne plaisantais pas avec ça, ce lieu était fait pour le respect et le silence, qu'on puisse porter le deuil correctement.

En parlant de respect, j'entendis la belle Robyn Chamberlain répondre à cette sale peste de France et dieu seul sait que je soutenait Robyn. C'est difficile de retenir des enfants à un enterrement quand ils sont trop petits pour comprendre. « Bien envoyé Robyn ! » murmurai-je à cette dernière qui était à ma gauche, tandis que madame McCluskey était à ma droite avec sa bande de commères indomptables.

Regrettant d'avoir parlé ainsi, elle serra sa petite Laura contre sa poitrine, évitant le regard accusateur de Gabriel qui se tenait à côté d'elle. Tournant le regard, elle pouvait remarquer plusieurs têtes tournées vers elle, l'épiant comme si il s'agissait de la peste en personne. Plissant les sourcils, elle se retint de leur faire un doigt d'honneur, jugeant cela un peu inapproprié. Prenant sur elle, elle se contenta de soupirer avant de laisser glisser son dos sur le dossier de la chaise, la mettant dans une position assez agréable, mais pas super respectueuse. Très vite, elle entendit un deuxième bébé pleurer, ce qui la rassura quelque peu. Tournant la tête, il s'agissait de la fille de Nirvana, une jeune femme qu'elle rencontrait parfois à la crèche. Lui adressant un sourire compatissant, elle se redressa et porta son regard sur le cercueil d'Harold jusqu'à ce que cette peste de France se lève pour l'incendier, elle et Nirvana de son regard de vipère. « Faites taire vos mioches vous deux ! C'est déjà assez pénible d'enterrer ce grand homme … on a pas à supporter les pleurs de deux razmockets. » Arquant un sourcil, elle se leva, poussée par une impulsion rageuse afin de répondre, mais fut doublée par Gabriel qui se leva à son tour pour lui saisir l'épaule et la rasseoir de force. Énervée, elle la fusilla du regard. « Pétasse. » lança-t-elle en faisant mine d'éternuer. « Un peu de respect, c’est possible ? » Robyn, qui se trouvait derrière elle, eut le droit à un de ses plus beaux sourire, ainsi que Riley, qu'elle entendit murmurer.

« La police dit qu'Harold est mort d'une overdose de médicaments, or, je n'ai pas le souvenir qu'il en prenait … Je ne pensais pas qu'il avait des ennemis ... » Même si elle n'était pas très branchée ragots, ce que madame McCluskey venait de dire l'interpella. Fronçant les sourcils, elle voulait en savoir plus. Elle n'avait rien contre la vieille dame, bien qu'elle lui reconnaissait bien des défauts. Aussi grincheuse et détestable qu'elle pouvait s'avérer être, il n'était pas rare que les deux femmes échangent quelques phrases quand elles se croisaient. Posant Laura sir les genoux de son père, elle se leva discrètement pour aller rejoindre la vieille dame. « Que voulez-vous dire ? » demanda-t-elle, quelque peu honteuse, ignorant complètement Riley qui venait de rugir.

Elle savait. Elle s'en était douté dès qu'elle avait eu vent de la mort du maire. Mort d'une overdose ? Sûrement pas, ce n'était pas normal pour un homme qui était en parfaite santé. Assise sur sa chaise, elle avait écoutée le discours de Karen d'une seule oreille a peine attentive, en effet, elle s'était plus concentrée sur ce qu'il s'était passé après ce même discours. Mademoiselle Young, respectée secrétaire du maire, interrogée par la police. Qu'est-ce que cela pouvait-il bien dire à votre avis ? Véritable overdose ? France craignait qu'on ne le sache jamais. La police de Fairview était bien capable d'étouffer ce genre d'affaire pour éviter le scandale. Il faudrait qu'elle en touche deux mots à son cher frère, qui devait avoir accès à des informations qui leur étaient cachés. Quoi qu'il en soit, c'est avec insistance qu'elle regarda la scène se dérouler. Très vite, les chuchotements atteignirent ses oreilles. Personne n'était dupe et il était dur de cacher la vérité. « S'il s'agissait simplement d'une overdose, auraient-ils vraiment des questions à poser ? » Voilà ce qui installa la silence. Désormais, tout le monde était sur que cette histoire n'était pas claire et qu'ils allaient sans doutes avoir quelques surprises les jour prochaines. La mort du maire allait être sur toutes les bouches encore un petit moment.

« En voyant ça, pourquoi je pense au pire ? » Bien évidemment, personne n'était encore sûr de rien, et France se promit d'enquêter, après, c'était ce qu'elle faisait le mieux. Mais elle était persuadée qu'il y avait quelques secrets sous l'oreiller, quelques cadavres dans le placard, sans mauvais jeu de mots. Maintenant, elle se demandait seulement qui serait capable d'une telle action ? Puis surtout : pourquoi ? Le maire était une personne gentille, adorable, généreuse, et qui faisait toujours tout dans l'intérêt de la ville. Affaire à suivre ...