William ҩ Je suis les Guns'n'Roses, trésor, j’ai un appétit pour la destruction.

« Ne t'inquiètes pas, William, tout ira bien. Quant à toi, Shannon, veille bien sur ton petit frère, ne le laisse jamais tomber. » Telles sont les dernières paroles de sa mère que William ait entendu. Il sait pertinemment du haut de ses six ans que c'est la dernière fois que lui et son frère voient leurs parents. Non, leurs parents ne les ont pas abandonnés, ils ne tenaient simplement pas à faire vivre leurs deux enfants dans la misère la plus absolue. En effet, en manque d'argent pour cause de mise au chaumage du père, les revenues commençaient à se faire désirer plus que jamais et, au bout de trois ans sans retrouver un quelconque emploi du côté du père et de la mère, ces deux-là ont préférés sauver leurs enfants de la misère que de les garder avec eux. C'est donc pour ça que William et son grand frère se retrouvent ici : dans un orphelinat. Avec un peu de chance, ils se feront adoptés par de chics personnes, qui sait. Mais pour le moment, les pleurs et l'angoisse se font percevoir que ce soit chez Will ou chez Shannon. « Aller, les enfants, suivez-moi. Vous allez voir, vous allez vous faire pleins de copains ici, ne vous inquiétez pas. » Ça, c'est la directrice de l'orphelinat, malgré son tempérament calme et reposant, ce n'est pas pour autant que le petit garçon est apaisé, bien au contraire, plus il s'éloigne de ses parents et plus la peur monte en lui. Heureusement, son frère est là pour rester avec lui. « Viens, William, donne moi la main. T'inquiètes pas, on va bientôt revoir papa et maman. » Sur ces paroles plus ou moins rassurantes, William prit son courage à deux mains et se mit à suivre son frère en traînant les pieds. Il savait que cet endroit pour lui n'était que temporaire, que c'était un sale moment à passer et que, quand il serait grand, son grand frère l'emmènera loin d'ici avec lui. Du moins, il l'espérait de tout son coeur...

Assit dans la cours, en train de gribouiller un dessin sur son carnet, William venait à peine de rentrer du collège et voilà qu'au lieu de faire ses devoirs, il dessinait. L'école n'a jamais été son truc. Non, lui il a toujours préféré faire le pitre en classe, de toute façon, personne n'était derrière lui -à part son grand frère, certes- pour le sermonner, alors il était libre de faire ce qu'il voulait, non ? Du haut de ses quatorze ans, William rêvait de partir loin d'ici, de Phoenix et de cet horrible orphelinat de malheur où il était bloqué depuis huit ans déjà. « Will qu'est-ce que tu fous ?! T'es censé être à l'étude là, on m'a chargé de te ramener avec moi, bouges-toi ! » Pas lui. Se dit William. Même si il adorait son frère, il lui arrivait par moment de ne plus le supporter. Cela faisait maintenant huit ans aussi que son grand frère lui dictait tous ce qu'il devait faire, mais cette fois-ci, les règles allaient changer, après un long soupir qui voulait tout dire, William se leva pour regarder son frère droit dans les yeux. « J'en ai rien à foutre. J'y vais pas à leur étude, ça sert à rien de toute façon. Vas-y-toi si t'as que ça à faire. Je suis assez grand pour savoir ce que je veux faire maintenant, Shannon, lâche moi. C'est pas parce que maman t'as dit de veiller sur moi que tu dois t'y sentir obligé. » Certes, sur le coup, il n'avait pas été très délicat mais il fallait que ça sorte. A quatorze ans seulement, William était on ne peut plus mature que tous les autres gosses de son âge et depuis ce jour-là, un esprit de révolte venait sérieusement de s'installer en lui. Le même soir, il se sera échappé de l'orphelinat sans que personne ne s'en aperçoivent, malin le petit, pas vrai ? Ça, il le savait déjà qu'il était. Sa ruse est une de ses plus grandes qualités. A présent, il était absolument seul, à arpenter les rues mais il ne fallait surtout pas s'inquiéter pour lui, il savait s'y faire pour trouver un toit où dormir. Enfin il était sorti de ce bâtiment, enfin il pouvait vivre.

Après des recherches incessantes de lui, la police à finalement lâché prise, le pensant mort. D'après William, les flics n'étaient qu'une bande incapable de retrouver un gamin. A ses dix-sept ans, et ce après avoir volé une voiture, le jeune garçon entreprit de partir à New-York. Il faut dire qu'il en avait toujours rêvé d'aller là-bas. Pour s'en sortir, il se mit rapidement à dealer, ce job lui semblait assez rentable et en effet, même s'il ne roulait pas sur l'or, il avait pu grâce à ses deals louer un petit appartement. Allongé sur son lit, William méditait. Il pensait à ce que son frère pouvait devenir, si lui aussi il le pensait mort. « Tu me manques, abruti... » Oui, il lui manquait terriblement, son frère, sa seule famille, il l'avait perdu depuis trois ans maintenant. A Phoenix, tout le monde se souvenait de William en tant que petit garçon parti trop tôt dans l'au-delà. N'importe quoi. Si ça ne tenait qu'à lui, il serait en ce moment-même à Phoenix, ne serait-ce que pour retrouver Shannon. Après être resté enfermé dans son appartement toute la journée, William avait rendez-vous le soir derrière une ruelle de Manhattan où il avait prit l'habitude de dealer. Ce soir-là encore, il allait mettre sa vie en danger parmi les toxicos, il allait finir shooté parmi eux et il allait rentrer tard, à moins qu'il ne se fasse choper par les flics, ce qui serait embêtant vu sa situation de pseudo-mort.

La faim commençait à se faire ressentir chez William et puis la chaleur n'arrangeait absolument rien. C'est la première fois en trois ans qu'il faisait si chaud à San Jose d'après lui. Enfin bref, il fallait bien s'y habituer puisque apparemment, tout l'été allait être comme ça... super. Si William se retrouvait ici, c'est parce qu'il avait fuit cinq ans auparavant les dealers qui l'avaient pris en chasse. Heureusement pour lui, ils ont été arrêtés avant qu'ils ne le retrouve. Depuis, il s'était mit à enchaîner les petits boulots et cette vie lui convenait parfaitement : plus de soucis, là enfin commençait sa vraie vie, sans embrouilles. Il n'avait toujours pas de nouvelles de son frère, décidément, Shannon devait vraiment le penser mort, dommage. William avait décidé depuis un certain temps de ne plus penser à sa vie d'avant, il voulait juste profiter de sa jeunesse, après tout, vingt-cinq ans c'est jeune. Les soirées s'enchaînaient, les femmes aussi d'ailleurs. Car oui, il est un amateur de jolies femmes et puis il faut dire qu'il n'est pas mal et qu'il sait aisément se servir de son charme pour séduire. La vie commençait à devenir monotone, il sentait qu'il allait bientôt quitter cette charmante ville pour une autre. Même s'il n'en avait pas forcément les moyens, il changeait souvent d'endroits, il ne sait pas tenir en place et l'assume entièrement. Au moins, il rencontre des tas de gens différents, c'est ça qui est bien quand on voyage beaucoup. Oui, c'était décidé, ce soir même après le travail, William allait s'évaporait comme il l'avait fait le jour où il s'était échappé de l'orphelinat, tel un fantôme. Cette pensé le fit sourire amèrement, il n'aimait guère se rappeler ce moment sombre de sa vie, celui qui lui avait empêché de s'épanouir correctement.

Et voilà que William se retrouve dans une petite banlieue. Il n'aurait jamais pensé se retrouver là un jour mais bon, tel est le hasard. A vrai dire, il s'était promis que, dès qu'il serait tombé en panne d’essence, il irait s'installer dans la ville la plus proche. Et voilà, Fairview. Cela fait deux semaines à présent qu'il est installé ici, dans une petite maison tout à fait sympathique. Sa vie commence à prendre une tournure qui lui plaît assez. Il faut dire que, maintenant qu'il a du travail et qu'il est son propre patron, tout va pour le mieux. En effet, doué depuis toujours dans le dessin et assez passionné par les tatouages, il a décidé d'ouvrir son propre salon de tatouages qui marche assez bien pour l'instant. Alors qu'il gribouillait un dessin, un client arrive alors dans son atelier de tatous, assez concentré dans ce qu'il faisait, William ne réagit pas. « Will...? » Il connaissait cette voix, oh oui, elle lui disait quelque chose, à vrai dire, il venait de reconnaître de qui il s'agissait et n'osait pas relever la tête pour apercevoir... « Bon sang... Shannon ! » Son frère. Sur ces paroles, les deux frères s'enlacèrent longuement, une joie sans fin se faisait ressentir que ce soit du côté de Shannon ou de William. Mais, le visage du grand frère de William se raidit rapidement, soudain, William cru être retourné le jour de ses quatorze ans. « Pourquoi t'as fait ça ? T'as pas donné de nouvelles, je te croyais mort ! On te croit tous mort d'ailleurs ! T'avais pas le droit de me faire ça, putain ! » Effectivement, après réflexions, il aurait pu donner des nouvelles à son frère... mais c'était trop risqué après tout ! Il ne voulait pas que Shannon soit fâché contre lui, pas aujourd'hui, pas le jour de leur retrouvailles, il était tellement content de retrouver son frère. Comme quoi, le hasard fait assez bien les choses. Depuis qu'ils se sont retrouvés, les deux frères ne se quittent plus et même si Shannon lui en veut, il ne peut s'empêcher d'être épanoui d'avoir retrouvé son petit frère, William était sûr et certain de cette idée.