« AWKWARD MOMENT » feat. Pierce

Citation :

❝ Tout le monde sur terre a besoin de quelqu'un sur qui compter. Que ce soit des amies fidèles, un avocat déterminé, ou une famille aimante. Mais quelquefois, ceux dont on était sûr qu'ils seraient toujours là pour nous, s'en vont. Et si cela arrive, c'est incroyable le mal qu'on devra se donner pour les faire revenir ... ❞

Me présenter comme candidate à l'élection de maire de Fairview avait été la chose la plus folle que j'ai jamais faite. Mais même malgré ça, la vie continuait, et je ne devais pas oublier que j'avais une famille à nourrir. Bien évidemment, j'aurais pû utiliser ce prétexte pour envoyer Gabriel faire les courses si seulement il ne travaillait pas toute la journée. Et c'est comme ça que, pendant mon jour de congé, je me retrouvais au supermarché avec ma petite Laura dans le siège du cadis. Faire les courses était une corvée à laquelle vous ne pouviez échapper, heureusement, j'étais une personne organisée, et de cette manière, je savais exactement ce que j'avais besoin et où il se trouvait ce qui me faisait gagner un temps précieux. Le visage crispé, j'avançais entre les rayons, saisissant sans même prendre la peine de regarder les aliments et les jetais dans le cadis. Pendant ce temps, Laura gesticulait et gémissait de temps à autres, m'extirpant quelques grognements agacés.

Pierce était à l'autre bout du rayon, à regarder les tablettes de chocolat, ah bah c'est bien ma chance, c'était la dernière chose à railler sur ma liste et il fallait qu'il se trouve juste devant. L'injuriant de l'intérieur, je levais les yeux au ciel et me résignais à abandonner mes précieuses barres de chocolat noir. Non, je n'avais pas envie de le croiser, je risquais de me trahir à chaque fois que je voyais son beau visage d'ange. Tournant mes talons et mon cadis, je fis signe à mon petit ange de se taire en posant mon index sur mes lèvres et en lui faisant les gros yeux. Mais malheureusement, j'étais repéré. La voix de mon ex-mari vint me hérisser les poils. Ne pouvant plus fuir, je mimais un sourire détendu qui au final se voulait crisper avant de me tourner pour le voir arriver vers moi en petite foulée. « Arhemm … bonjour Pierce. Comment ca va ? Alors on fait ses courses à ce que je vois ? C'est … c'est bien ! Oui c'est bien ! J'imagine que t'es venu chercher du chocolat ? Bah oui, tu serais pas dans ce rayon sinon Ah ah ! Eh bien, je te conseille celui-ci ? Il est très bon, enfin, évidemment que tu le sais, vu qu'il s'agit de ton préféré … » Me taisant d'une traite, je plongeais mes yeux dans les siens en tapotant le côté du cadi grâce à mes ongles. Serrant la mâchoire, je baissais le regard avant de regarder autour de moi, terriblement gênée ...

C'était plus fort que moi. A chaque fois que je le voyais, je perdais tous mes moyens. C'était comme quand nous nous étions rencontrés. J'étais intimidée par lui, par sa beauté, par sa confiance, par sa façon d'être. Il avait réussi à m'attirer dans ses bras, c'était magique. Tout simplement magique. Je l'aimais, j'étais fou de lui, je voulais passer le restant de mes jours avec lui, mourir dans ses bras. Mais après sept ans de mariage, sept ans d'amour conjugal, cette magie avait cessée de fonctionner, et nous étions devenu un couple qui n'arrivait plus à vivre ensemble. Aujourd'hui, j'avais l'impression d'être de retour quinze ans plus tôt, avec quinze ans de plus. C'était vrai ce qu'on disait : on se rend compte de la vraie valeur des choses quand on les perd. J'avais perdu Pierce, et je me rend compte aujourd'hui à quel point je l'aime, a quel point je n'ai jamais cessé de l'aimer. « Gaby ! Oui, ça va vraiment bien et toi ? Qu’est ce que tu deviens ? » Il me parlait avec un naturel assez déconcertant. Comme s'il s'adressait à une vieille amie qu'il avait perdu de vue. « Ca va ca va ! Eh bien, tu dois sans doutes le savoir mais je me suis présentée comme maire. C'est fou non ? Tu me vois en train de diriger Fairview ? Tu penses que je ferais une bonne maire ? » répondis-je en tentant d'aborder un air naturel … en vain. « Gabriel me soutient, c'est bien. Il est vraiment super. » Qu'est-ce que j'étais en train de faire bon sang ? Étais-je vraiment désespéré au point de tenter de le rendre jaloux ? Non mais vraiment … n 'importe quoi Gabrielle. « Et toi, qu'est-ce que tu deviens ? Tu vois quelqu'un ? » Fermant les yeux, elle aimerait pouvoir revenir quelques secondes en arrière pour éviter de poser cette question inappropriée. Mais, au lieu de ça, elle mima un sourire idiot, tentant en vain de faire transparaître un bonheur qui n'existait pas.

« Tu t’en souviens encore, c’est dingue ! » Je me souvenais des 7 années que nous avions passés ensemble par cœur. Il m'arrive même de sentir son odeur parfois et de penser à lui quand je me réveille le matin. Je me souvenais de son plat préféré, de ses manies. Non, je n'avais rien oublié, tous ces souvenirs étaient ancrés dans un coin de ma mémoire pour l'éternité. « 7 ans de mariage, ca ne s'oublie pas comme ça. » Le ton attendrissant, je penchais ma tête et plongeais mes yeux dans les siens, me noyant dedans.

« Nerveuse ? » Stoppant mon tapotement, je posais ma main sur la tête de Laura. « Pourquoi tu dis ça ? » demandais-je, incrédule.

« Oui ! Ça ne m’étonne pas venant de toi, tu as toujours été ambitieuse ! Tu ferais un excellent maire Gaby, tu sais tout gérer que ce soit une vie ou que ce soit nous ! » Il était gentil. Pourquoi devait-il être aussi gentil ? Bloquant de nouveau sur ses yeux, je souriais, le remerciant du regard. Me présenter comme candidate, je l'avais fait sur un coup de tête absolument pas réfléchi. Mais je ne regrettais pas cette décision. Je pensais être la meilleure personne capable de prendre le relais d'Harold. J'avais les épaules droites, je connaissais Fairview comme si je l'avais faite et j'avais du caractère. De plus, étant journaliste, je savais travailler vite, bien, et sous la pression. Que demande le peuple ? Malheureusement, la partie n'était pas gagner d’avance. Eden et Aaron étaient aussi candidats, et je me méfiais de cette nouvelle famille qui venait de s'installer. Quoi qu'il en soit, j'avais espoir, et je comptais bien les gagner ces élections.

Je n'avais pas pu m'empêcher de lui poser la question de s'il fréquentait quelqu'un. Bien que je souhaitais son bonheur, je ne pu m'empêcher d'afficher un sourire discret de victoire quand il me répondit : « Quelque relations plus ou moins longues, et sinon des trucs de gauches à droites. Rien de bien sérieux, je devrais vraiment penser à me remarié aussi ! » Un petit sourire victorieux sur mon visage, j'étais satisfaite. Il songeait à se remarier ? Je n'y croyais pas ! Quand je me souviens le temps qu'il avait mis à comprendre avant de faire sa demande, il n'est pas près de se remarier, c'en était presque effrayant quand je me souvenais bien. « Ca fait longtemps que tu n'a pas vu Laura. Regarde comme elle a grandie ! » Saisissant le bébé dans ses bras, je le tendis à Pierce. C'était tout ce que je pouvais faire. Me cacher derrière un bonheur à moitié réel pour cacher mes véritables sentiments. Faire croire que tout allait bien dans le meilleur des mondes, que ma vie était une utopie.

« Parce que c’est la vérité, tu faisais toujours a quand tu stressais ou bien que tu étais nerveuse. Et ne va pas me dire que c’est de faire les courses ou de prendre du chocolat qui te met dans cet état ! » Lui me connaissait tout aussi bien. Un sourire gêné sur le visage, je plongeais mes deux mains dans les poches de mon jean, inutile de me trahir plus que ça. « C'est toi qui me rend nerveuse ! » répondis-je en bougeant ma tête dans tous les sens, en prenant soin de ne pas croiser son regard. « Tu sais quoi... On devrait dîner ensemble un de ces soirs, histoire de se remémorer le passé. » Mes yeux s'écarquillèrent. Etait-il sérieux ? Etait-il vraiment en train de m'inviter à dîner. Penchant la tête, je claqua ma langue sur mon palais. « Humm … je ne suis pas sûr que Gabriel serait OK pour que je dîne avec mon ex-mari, mais je lui en toucherais deux mots, on se tient au courant ! »