il y a une première fois à tout (R)

Les premières fois. La première fois qu’on parle. La première fois qu’on marche. La première fois qu’on perd une dent. La première fois qu’on court dans l’herbe pieds nus. La première fois qu’on voit un nuage lapin. La première fois qu’on lit un livre comme un grand. La première fois qu’on chante devant tout un groupe. La première fois qu’on a un(e) am(e). La premières fois qu’on tombe sur un épisode de série qu’on va adorer. La première fois… Elle parait si belle, si pure, connotée positive, malheureusement les premières fois ne sont pas que bonnes. La première fois qu’on perd quelqu’un. La première fois qu’on est trahi. La première fois qu’on se plante. La première fois qu’on se fait avoir …. Les premières fois nous marques, nous forges parfois.

La première fois que j’ai réussi à descendre un trottoir, la première fois que j’ai réussi à me relever, la première fois que j’ai réussi à ne plus pleurer le soir. Sophie et ses premières réussites en fauteuil, ses premières fois après son accident. Ces premières fois ont détermine sont futur. Elle a décidé de se battre, d’admettre et d’avancer. C’est avec un petit sourire fière qu’elle ferme un dossier photo sur son laptop. Alors que les photos ce n’est pas son "truc". Elle a réussi, réussi à ne pas sombre, réussi à avancer. C’est « d’un pas léger » qu’elle est partie au boulot, ça allait être une bonne journée, elle en avait décidé ainsi.

Une belle journée, une journée ordinaire, des réunions sur un coin de table, des messages idiots échangés, une jolie journée. Ou plutôt une jolie demie-journée, à l’heure du déjeuné ses collègues et elle se sont retrouvés autour de plats commandés. Le « chef » leur annonçant fièrement qu’ils allaient faire un partenariat. « oohh non j’aime pas ça, on s’entend jamais avec les autres. » ça c’était James surnommé grincheux. Les autres n’y firent pas attention, comme souvent d’ailleurs. « passons, alors alors…. Nous allons travailler avec une entreprise de jeux vidéos. » là des yeux se mirent à briller et faut admettre que ceux de Sophie aussi, un peu. « mais pourquoi ils auraient besoin de nous ? » « pour l’échange, avoir un regard différent sur leur travail et le notre. On les voit cette aprem. » « super ! t’aurais pu prévenir. » ça c’était Lucas surnommé pressé.

Dire à cet équipe qu’ils allaient bosser avec une entreprise de création de jeux vidéos c’est comme leur annoncé qu’ils vont dans un parc d’attraction, enfin presque et pas pour tous. Pour Sophie c’était une idée sympa, la possibilité de voir d’autres personnes, voir le fonctionnement d’une autre entreprise mais aussi aller gratter pour avoir des infos en exclusivité sur les jeux en préparations. C’est donc joyeusement qu’elle s’est rendue avec les autres dans cette entreprise, mais pas la plus impatiente de l’équipe. Ça allait être définitivement une bonne journée et la demoiselle était loin de se douter que le destin ? la fée coïncidence ? allait s’en mêler.

Parce que ce n’est pas dans n’importe quelle entreprise de création de jeux vidéos qu’ils vont mais dans celle où travail Nolan, aah les coïncidences ! Digne d’un film. Ils étaient tous fiers d’y aller et le contact passa assez facilement avec l’autre équipe. On leur laissa le champ libre dans les bureaux alors un Noah chuchota à l’oreil de Sophie « allez so’, drague en un pour nous avoir des exclus !! » ne lui laissant même pas le temps de répondre parce qu’il avait poussé son fauteuil. Sa seule option fut de se retourner pour lui jeter un regard noir, se poussant par la même occasion. « et ta une préférence pour la personne ? »

Noah allait répondre quand il se mit à grimacer voyant la collision arriver mais ne dit rien. Un employé n’ayant pas vu la demoiselle et son fauteuil. C’est le genre de chose qui n’arrive plus dans sa boîte. En même temps c’était un peu sa faute à elle, elle avançait tout en regardant derrière elle. « désolée ! » elle posa son regard sur la personne percutée, un jeune homme, plutôt mignon, quel âge ? elle accompagna cette excuse d’un sourire. « sophie ! soit plus discrète.[/i] » il eu à nouveau comme réponse un regard noir qu’elle accompagna d’un air menaçant de la demoiselle qui s’était tournée pour lui faire comprendre de se taire. Et là, venant d’ailleurs « Nolan tu …. » Sophie ne fit pas gaffe aux autres mots, accrochant sur le prénom. Nolan. nan c’est pas possible …. Pas possible que le jeune homme qu’elle vient de percuter (ou qui vient de la percuter selon l'opinion) soit le Nolan avec qui elle discute sur le net depuis un bout de temps et qui refuse de la rencontrer. En même temps il n’y a pas trente six mils Nolan à Fairview ni trente six mils entreprises de création de jeux vidéos dans le coin.

Voici la première fois où ils se sont rencontrés, physiquement, dans la réalité et pas par écran interposé. La suite ?

« Je n'en suis pas moins désolée, même si vous ne sentez rien. » Je remarquais le fauteuil et comprenais pourquoi elle avait dit ça. Je me sentais presque bête. Et si le regard de Charlotte ne m'avait pas poignardé dans le dos, j'aurais sans doute ris nerveusement. « Ce n'est rien. » Je me baissais légèrement pour caresser le chien qui répondait au nom de Pops. Il avait tout du chien d'accompagnateur. La carrure, le poil, la cape aussi. C'était bien la première fois que je voyais un chien dans les locaux de l'entreprise. Charlotte qui les détestait devait être ravie. Un coup d'oeil en coin, je constatais qu'elle regardait l'animal avec mépris et dégout mais aussi avec peur s'il osait bouger un peu trop . Puis, Sophie, puisque c'était son nom, fut appelé par un de ses collègue. Eck. Je ne relevais pas tout de suite, ne faisant pas vraiment attention. « A plus tard, Sophie. » Puis, ce surnom fit tilt dans ma tête. Je me revoyais devant mon écran à jouer, casque sur les oreilles à discuter avec une jeune femme agréable. Ce pourrait-il que ce soit-elle ? Les coïncidences étaient trop grandes, il n'y avait que peu de doute.

J'attendis quelques instants, réfléchissant aux mots que je devais dire. Une fois qu'elle fut de nouveau seule, je m'approchais d'elle, déglutissant. « Excusez-moi ... Je suis intrigué. Votre ami vous a bien appelé Eck ? Comme le pseudo sur le web ? » Elle hocha la tête en signe d'approbation. Mon coeur se mit à battre si vite, la peur me tirailla l'estomac. Lorsque j'avais rencontré ma partenaire de jeu en ligne, j'avais été heureux de pouvoir renouer quelque peu avec la gente féminine. j'avais besoin d'une amie avec qui je pouvais discuter sans crainte d'un jugement quelconque. Aujourd'hui, je lui faisais face dans la vraie vie. Aucun avatar, aucun pseudo, aucun jeu ne pouvait me protéger. J'avais tout bonnement perdu mon armure et c'est de l'effrois que l'on pouvait lire dans mes yeux. J'étais presque pétrifiée. Sophie était mieux que je n'avais pu l'imaginer, mieux que je ne l'aurais cru. Son visage fin, son sourire enfantin, elle me rappelait Sarah. Elle me rappelait mon amour, mon unique et tendre amour. Depuis dès mois qu'ils se parlaient, jamais elle ne m'avait fait par de sa paralysie. J'en étais étonnée mais ça ne me choquait pas. Malheureusement, j'avais fui la jeune femme lorsque j'avais appris qu'elle vivait dans la même ville. Je crois que jamais je n'aurais pu m'imaginer me retrouver en réunion avec elle, dans les bureaux de l'entreprise pour laquelle je travaillais. « Je suis désolé. » J'avais fui. Comme un lâche. Retournant près de Charlotte que je n'écouterais que d'une sourde oreille tout en observant la demoiselle du coin de l'oeil. Jamais je n'aurais pu imaginé en me levant ce matin que je rencontrerais la fille aux jeux vidéo. Mes amis l'appelaient comme ça lorsque je devais la mentionner dans une conversation. Ce n'était pas Sophie ou Eck, c'était la fille aux jeux vidéo. Je n'ai toujours pas compris pourquoi. Je n'avais pas cherché à comprendre non plus puisque généralement, je changeais de sujet aussi vite que possible.

La réunion avait pris fin sur les coups de midi et demi. Il était temps pour moi d'aller manger. Ma fille à la cantine de l'école, je n'avais pas à se soucier de la nourrir convenablement avant ce soir. Elle avait huit ans et pourtant, je ne pouvais pas m'empêcher de faire de nombreuses erreurs, même après toutes ces années. Alors que je quittais la salle de réunion, un chien vint se collait à mes jambes. Nul doute qu'il s'agissait là du chien de Sophie, qui le suivait de près. « Sophie ... pour toute à l'heure ... ça n'a rien avoir avec votre ... ton handicap. » Je sentais mes joues devenir rouges. La gêne, le mal être. Je ne savais pas du tout où me mettre. « Je n'ai pas l'habitude de ce genre de rencontre ... et ... » Je marquais une nouvelle pause. « Ton chien est très gentil. » Ta gueule Nolan.

Il s’en sort plutôt bien, même très bien, alors que rebondir sur son humour noir, sarcastique n’est pas chose facile. Surtout avec le handicape parce que la société en a fait un tabou, pour elle l’adjectif handicapé(e) n’est qu’un parmi d’autre, elle est aussi brune, petite, loufoque etc. La société a rendu ce mot péjoratif d’ailleurs c’est de même pour gros, gros est un adjectif aussi qui est devenu une insulte. Mais nous ne sommes pas là pour parler des variations des sens positif, négatif des mots, mais de leur rencontre. Un sourire flotte sur son visage quelques secondes après sa réponse. Elle était même étonnée, dans un sens positif, de sa réponse qui n’était ni emprunte de pitié, de honte, de peur ou autre même si Sophie voit de la gêne. Elle s’est habitué à ça : ce moment de flottement, de gêne quand elle rencontre une nouvelle personne et que cette personne prend connaissance qu’elle est en fauteuil roulant. C’est une étape qui est un bon indicateur pour savoir s’il y aura relation ou pas, le fauteuil fait fuir quelques cons, c’est pratique pour ça.

Pops va en reconnaissance et semble plutôt bien l’accepter même si sa maitresse le rappel à l’ordre, on ne snife pas les gens ainsi ! On les snife pas du tout au mieux, mais c’est dans sa nature canine. Et puis ça avait beau être un gros chien il avait un air gentil avec tout ses poiles et le peu de bruit qu’il fait. Une sorte de gros nounours avec une cape !! que tout ses copains doivent lui envier …. Mais quand on aime pas les chiens, on les aime pas (logique) même quand ils sont calmes. Sophie a vu la jeune femme derrière qui ne sentait pas très à l’aise, raison de plus de tenir encore plus ferment l’animal. La jeune femme tenait à ce que les gens ne se sentent pas mal à l’aise et s’il y avait un vrai problème d’intolérance alors elle trouvait un moyen de mettre pops dans un coin. Même si normalement personne ne peut réclamer que ce chien aille voir ailleurs. De toute façon le chien allait bientôt disparaitre de la vue de Charlotte puisque sa maîtresse avait été appelée.

L’équipe avec laquelle elle travaille s’est vite liée d’amitié, ce sont trouver quelques centres d’intérêts commun et surtout trouvé quelques surnoms. Pour Sophie c’était Eck, parce que c’était le pseudonyme qu’elle utilisait sur la toile. Etrange, oui, méconnu aussi, elle l’avait choisi parce que ça ne ressemblait pas à grand-chose comme mot, c’est un mot qui en fait était le nom d’une créature très étrange dans un bouquin qu’elle avait lu. Ça tombait bien que son collègue l’appel ainsi, elle n’a pas à dire textuellement « hey, Nolan, c’est moi la jeune femme avec qui tu discute sur le net et que tu as refusé de rencontrer ». Oui pour ça elle doit vraiment remercier son collègue qui obtint un sourire en coin de sa part alors qu’elle s’approchait de la salle. Mais elle s’arrêta dans sa course, Nolan semblant vouloir discuter. Le grand moment….. Il eut besoin d’une confirmation qui ne fut qu’un hochement de tête. Elle arborait un sourire amusé qu’elle essaya de le maintenir alors qu’elle sentait qu’il perdait pied. Ils étaient face à face, ce n’était pas prévu, pas calculé, c’était « juste » arriver, comme ça. Certains parleraient d’intervention divine, de destin, de coïncidence, mais Sophie ne cherchait pas à savoir, juste à vivre cette rencontre.

Quand il s’excusa elle n’eut pas le temps de demander pourquoi qu’il allait se réfugier dans les jupons d’une collègue. Son sourire se transforma en un sourire triste, elle adressa un regard à son compagnon fidèle avant de reprendre sa route, prenant un masque plus neutre lorsqu’elle pénétra dans la salle. Salle où ses collègues étaient agglutinés aux employés de l’entreprise de Nolan, presque avec des yeux qui brillent. Elle attrapa le fil de la conversation mais ne s’y intéressa pas vraiment. Ce jeu pouvait être le plus génial du monde ça lui était égale. ç’aurait pu se passer plus mal ! ouaip mais ç’aurait pu se passer mieux ! Qu’importe c’était fait et on ne peut pas revenir dans le passé (du moins pas à la connaissance du grand publique). Un collègue remarqua son air un peu morne et se décida à lui gribouiller des petits bonhommes ce qui la fit sourire.

La réunion s’était bien passé, Sophie n’était pas vraiment dedans, heureusement personne ne la questionna directement. Cependant ses collègues se rendirent bien compte de son absence, même s’il la voyait comme ça de temps en temps, ils se demandaient pourquoi et elle aurait le droit à des questions. Elle imaginait déjà comment les contrer, quelles réponses elle pourrait faire. Sur son calepin elle avait griffonné des mots, des petits carrés mais elle n’oublia pas de regarder les gens, son regard se posa quelques petites fois sur Nolan mais jamais elle ne s’y attarda. C’est mieux ainsi. Au moins maintenant je le connais, je sais à quoi il ressemble, je ne l’idéalise plus, ne l’imagine plus. Alors qu’elle s’imaginait à quoi pourrait ressembler une licorne elle se rendit compte que la réunion était finie.

Apparemment les deux équipes s’entendaient très bien et au détour d’une de ses observation de la salle elle se rendit compte des regards que lui lançait un jeune homme, j’ai dû mal voir. Bref, elle sortit de la salle, réfléchissant où aller manger un truc (bon de préférence). Et bien évidemment le destin ou un truc dans ce genre vint remettre son nez, elle se retrouva derrière Nolan, son chien semblant particulièrement attiré par son odeur. Alors il se tourna et fut accueillit par un sourire penaud mais ce n’est pas à une plainte à laquelle elle eut le droit. Sa réponse fut naturelle.
« J’ai bien vu que ce n’était pas le fauteuil le problème bien que s’en fut un pour beaucoup. » elle entrelacé ses doigts, se gratter le dos de la main, se mordilla la lèvre inférieure « je n’avais rien prévu. C’est le hasard. J’avais bien compris que tu souhaitais qu’on reste des avatars. C’est angoissant de se rencontrer, c’est comme passer de la 2D à la 3D, on a peur d’être déçu(e), de s’être fait(e) arnaqué(e) etcetera. » t’as pas trouvé mieux ? nan c’est toujours mieux que rien. elle regarda son chien avec amusement. « il fait cet effet à beaucoup. Au passage, tu connais un endroit où aller manger dans le coin ? » elle reposa son regard sur lui.

Une perche de tendue pas volontaire quoi que…